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La Monnaie
04/10/2011 -  et 12, 13, 15, 16* (Bruxelles), 27 avril, 8 mai (Amsterdam) 2011
Toshio Hosokawa : Hanjo
Ingela Bohlin (Hanako), Fredrika Brillembourg (Jitsuko Honda), William Dazeley (Yoshio)
Orchestre de chambre de la Monnaie, Koen Kessels (direction)
Anne Teresa De Keersmaeker (mise en scène), Jan Joris Lamers (décors, éclairages), Tim Van Steenbergen (costumes)




La Monnaie a repris du 10 au 16 avril Hanjo de Toshio Hosokawa (né en 1955), une coproduction avec le Festival d’Aix-en-Provence qui en assura la création en juillet 2004 suivie de quelques représentations dans le théâtre bruxellois au mois de septembre suivant. Le Japonais a depuis composé un troisième opéra, Matsukase, qui sera créé en ce lieu le 3 mai prochain. Emue par la tragédie dont a été victime le Japon récemment, la Monnaie dédie les deux spectacles, constituant un véritable diptyque, « à la mémoire des victimes touchées par les récentes catastrophes ». A ce titre, Toshio Hosokawa confie : « I love the sounds of nature and my music is intended to sound like water and wind. But now I listen to the sounds of nature differently : they fill me with awe more than before ».


Des sons de la nature, il en est question dans son langage, du moins dans celui de Hanjo, qui puise, à la fois, dans la tradition occidentale et nippone, un syncrétisme développé grâce à ses études avec Isang Yun et Klaus Huber. Recherchée, à l’image de la calligraphie japonaise, la musique de cet opéra en un acte et six scènes, qui naît du silence pour y retourner progressivement, séduit par ses recherches sur les timbres ainsi que le raffinement de l’orchestration confiée à une formation de chambre occidentale. Cette partition de belle facture, moderne sans se positionner à l’avant-garde, soutient un argument – terme ici plus approprié que « action » – intrinsèquement nippon. De la plume du compositeur et en anglais, le livret repose sur la pièce éponyme de théâtre nô de Yukio Mishima (1925-1970) : une artiste peintre quadragénaire, Jitsuko, aime secrètement son modèle, une belle jeune femme nommée Hanako, avec qui elle vit. Celle-ci ne cesse de penser à l’homme dont elle s’éprend depuis sa rencontre alors qu’elle exerçait le métier de geisha sous le nom de Hanjo. Lorsque Yoshio réapparait enfin, Hanako ne reconnaît pas la personne qu’elle aime.



(© Maarten Vanden Abeel)


Le dispositif, conçu par Jan Joris Lamers, et la mise en scène, réglée par Anne Teresa De Keersmaeker, s’inscrivent dans l’esprit du nô, de même que la musique, mais dans une forme libre et contemporaine : abstraction des décors, épurés, esthétiques et dominés par des panneaux, jeu scénique lent et ritualisé, alliage sophistiqué entre musique, paroles et gestes. La chorégraphe peut compter sur l’aisance des chanteurs : Ingela Bohlin (Hanako) et une tout aussi remarquable Fredrika Brillembourg (Jitsuko) qui assurèrent la création et la reprise à la Monnaie il y a sept ans, de même que William Dazeley, interprète du rôle Yoshio dont le costume ne possède aucun caractère nippon, comme pour souligner la vision universelle et moderne du propos. Sous la direction de Koen Kessels, l’Orchestre de chambre de la Monnaie témoigne de ses qualités habituelles et de son aptitude à évoluer dans différents registres, après une mémorable Finta Giardiniera en mars et des Huguenots très attendus en juin. L’équipe mobilisée pour Matsukase est sensiblement différente de celle de Hanjo puisque la direction sera confiée à Pablo Heras-Casado et la mise en scène à une autre chorégraphe habituée de cette scène, et non des moindres, Sasha Waltz (représentations du 3 au 11 mai).



Sébastien Foucart

 

 

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