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Attente... Excessive

Paris
Auditorium du Louvre
05/27/1998 -  
Robert Schumann : Adagio et Allegro pour cor et piano en la bémol majeur op.70
Benjamin Britten : Winter Words pour ténor et piano op.52, Canticle III pour ténor, cor et piano op. 55, Still falls the Rain
Franz Schubert : Der Musensohn D 764, An die Entfernte D 765, Am Flusse D 766, Wilkommen und Abschied D 767

Ian Bostridge (ténor), Stefan Dohr (cor), Julius Drake (piano)

Notre monde musical est-il à ce point moribond qu’il ressente ce besoin impérieux de créer artificiellement des icônes ? On peut à juste titre se poser la question, vénéneuse et amère, lorsque l’on assiste à un récital tel que celui de Ian Bostridge. Voilà un jeune ténor au curriculum vitae prometteur, arborant de prestigieuses collaborations avec Seiji Ozawa, Sir Colin Davis, Bernard Haitink, Neville Marriner ou Franz Brüggen, cela dans des rôles toujours intéressants (Tamino, Evangéliste dans la Saint-Matthieu de Bach). On imagine et on espère alors une voix pleine, épanouie et riche. La déception ne peut être qu’à la mesure de l’attente... Excessive....

Hantant la scène de sa silhouette de séminariste austère et souffreteux, Ian Bostridge présente un timbre aussi chétif et froid que son physique. Point de rondeur, ni de richesse harmonique donc. Juste une voix claire, presque sans vibrato, qui attaque mollement et adopte systématiquement le crescendo pour être audible. La diction, privée de l’indispensable rythmique des consonnes, fait penser à un terne collier de mots enfilés les uns derrière les autres. Trop rarement, on perçoit le soucis du sens, de la puissance évocatrice des sonorités heurtées ou moelleuses. Que dire encore de l’absence de style de ce chanteur qui a pourtant fréquenté Mozart, Smetana, Purcell ou Stravinsky et ne fait quasiment aucune distinction entre les univers brittenien et schubertien. Tout cela est triste, comme cette morne soirée qui a vu s’évanouir une chimérique illusion. Non, Ian Bostridge n’est pas le grand ténor de demain. Dans un répertoire similaire, Christophe Pregardien impose toujours son insolente santé, son intelligence des textes.



Katia Choquer

 

 

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