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Ravel à 100%

Paris
Hôtel Dosne-Thiers
04/03/2011 -  
Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte – Sonatine – A la manière de... – Jeux d’eau – Menuet en ut dièse mineur – Valses nobles et sentimentales – Gaspard de la nuit

Désiré N’Kaoua (piano)


D. N’Kaoua


Voici la quatorzième saison que «Autour du piano», toujours sous l’impulsion de son directeur de la programmation Hervé Archambeau, s’attache à mettre en valeur des artistes – principalement des pianistes – de toutes générations. On aura déjà pu (ou l’on pourra encore) entendre ainsi cette saison France Clidat et Jean Dubé, Paul Badura-Skoda et David Bismuth, mais aussi les violoncellistes Suzanne Ramon et Dominique de Williencourt ainsi que le Quatuor Parisii, sans oublier les cours d’interprétation d’Abdel Rahman El Bacha, Christian Ivaldi, Inva Mula, Ruggero Raimondi et Janine Reiss. Les manifestations se tiennent dans différents lieux de la capitale. Deux d’entre eux sont familiers des mélomanes parisiens – salles Gaveau et Cortot – mais les deux autres le sont beaucoup moins: le musée Jacquemart-André et sans doute plus encore l’hôtel Dosne-Thiers, somptueuse bâtisse de la place Saint-Georges léguée à l’Institut de France par la belle-sœur d’Adolphe Thiers, lequel y avait vécu à partir de 1840 avec son épouse, née Elise Dosne.


C’est dans cette demeure située au cœur de la «Nouvelle Athènes» chère aux romantiques, à commencer par Chopin et Liszt, reconstruite en 1873 après son incendie durant la Commune et abritant un plus de 150000 volumes consacrés à l’histoire de France au XIXe siècle, que se produit Désiré N’Kaoua. Au lendemain du piano à paillettes de Lang Lang et Herbie Hancock salle Pleyel, le cadre intime d’un salon et un artiste moins médiatique mais pas moins musicien, tant s’en faut, font du bien. Il est vrai que le pianiste français se présente avec son cheval de bataille, l’intégrale pour piano seul de Ravel, performance que, depuis 1958 à Berlin, il a réalisée dans le monde entier et, bien entendu, enregistrée (Solstice). S’il l’a souvent interprétée en un seul concert, il la donne cette fois-ci en deux temps, le samedi soir et le dimanche après-midi. Cette intégrale couvre presque tout ce qui a été publié, excluant certes notamment deux ou trois Fugues pour les candidatures successives au prix de Rome mais incluant les quarante-cinq secondes du rare Menuet en ut dièse mineur: éditée en 2007 seulement, cette page non sans parenté avec le Menuet antique et le «Mouvement de menuet» de la Sonatine fut écrite en 1904... au dos d’un exercice de Maurice Delage, l’un des premiers élèves de Ravel.


Le second volet a attiré un nombreux public que N’Kaoua n’a pas de mal à mettre dans sa poche, mêlant souvenirs, anecdotes sur le compositeur et présentation des œuvres avec un accent légèrement ensoleillé qu’il a conservé de sa naissance à Constantine. A bientôt soixante-dix-huit ans, il s’excuse par avance de devoir quelquefois conserver par précaution la partition sous les yeux mais pour ce qui est de la technique, il se révèle tout aussi vaillant que certains de ses confrères pourtant plus jeunes que lui. Et cet élève de Lazare-Lévy et Lucette Descaves, partenaire d’élection de Dominique Merlet et Gérard Poulet, a bien plus intéressant à offrir que des traits ou des arpèges: toute une tradition du piano français de la part de celui qui a également travaillé au milieu des années 1950 avec Marguerite Long. Un piano dépourvu d’effusions inutiles, dès la Pavane pour une infante défunte (1899), plus sévère qu’alanguie, un jeu privilégiant la clarté sur le legato, jamais brouillé par la pédale, reflétant les références baroques de la Sonatine (1905), une fragilité qui ne devient pas anémie, une juste respiration qui ne cède pas aux alanguissements: quel charme dans A la manière de... (1912), ces deux pastiches de Borodine et Chabrier! Voilà en outre un Ravel exclusivement... ravélien, sans tentation debussyste dans ces Jeux d’eau (1901) que N’Kaoua ne voit pas à la villa d’Este, comme ceux de Liszt, mais «à Versailles», leur en conférant à la fois la rigueur et l’éclat. De vigoureux contrastes, parfois avec âpreté voire brusquerie, se déploient dans les Valses nobles et sentimentales (1911), tandis que Gaspard de la nuit (1908) confirme une économie en artifices et un respect du texte qui ne sont pas pour autant synonymes de froideur, d’autant qu’il sait aussi faire sonner le Yamaha, particulièrement dans «Le Gibet».


Le site d’«Autour du piano»
Le site de Désiré N’Kaoua



Simon Corley

 

 

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