About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un parcours sans véritable relief

Paris
Salle Pleyel
03/27/2011 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 3 en ré mineur

Anna Larsson (contralto)
Ladies of the London Symphony Chorus, Natalie Murray (chef de chœur), The Choir of Eltham College, London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)


A. Larsson (© Anna Thornbjörnsson)


Peu à peu, Valery Gergiev avance dans son parcours mahlérien, parvenant à la fin de son intégrale symphonique donnée salle Pleyel tantôt à la tête de l’Orchestre du Théâtre Mariinsky – ce fut par exemple le cas pour les Huitième, Deuxième ou Quatrième et Sixième (voir ici), tantôt à la tête de l’Orchestre symphonique de Londres, phalange avec laquelle il a d’ailleurs gravé l’intégrale des Symphonies pour LSO Live. Après la Septième samedi soir, c’était donc au tour de la monumentale Troisième, précédant de peu l’Adagio de la Dixième et la crépusculaire Neuvième qui devaient être données lundi. L’enregistrement en concert, en septembre 2007 au Barbican Center de Londres, de la Troisième avait été globalement salué tout en laissant une certaine impression d’inachevé: tel est exactement le sentiment que l’on ressent à l’issue de ce concert qui a attiré un public nombreux, curieux de voir ce que le magicien Gergiev pouvait faire dans une symphonie aussi foisonnante.


Chacun le sait: une symphonie de Mahler nécessite toujours un orchestre du plus haut niveau tant la partition s’avère riche et remplie de pièges divers et variés. Pour ce concert, aucun souci à avoir puisque l’Orchestre symphonique de Londres a encore une fois prouvé combien il était un ensemble exceptionnel. Les individualités (le violon solo Roman Simovic d’une justesse et d’une délicatesse absolues aussi bien dans le deuxième que dans le quatrième mouvement, le trombone solo dans le premier mouvement, le trompettiste tout aussi irréprochable dans son solo de Posthorn au troisième mouvement) et les ensembles (les percussions naturellement mais aussi les cordes avec une mention particulière pour un pupitre de contrebasses à se damner) furent magnifiques tout au long de la symphonie. On ne peut également que saluer la discipline d’un orchestre qui sait répondre au doigt et à l’œil du chef (la fin du premier mouvement!), s’arrêtant net, les archets lancés en l’air en un même élan: comme le prouvèrent les murmures et les bruissements du public entre les deux premiers mouvements, l’effet sonore n’avait d’égal que l’effet visuel.


Or, en dépit encore une fois d’un excellent orchestre, l’interprétation ne suscita pas de véritable enthousiasme. La faute en incombe logiquement à Valery Gergiev que l’on a connu plus impliqué dans une symphonie du compositeur autrichien: en l’espèce, on déplore un discours fort bien fait mais sans véritable aspérité, très lisse, où rien ne dépasse mais où rien n’emporte non plus. Ainsi, que ce soit dans le premier, le troisième ou le dernier mouvement, on ne peut que regretter le manque d’ampleur dans la progression du discours qui, dans chacun des trois cas, doit conduire à une véritable explosion sonore finale. En outre, la fin du dernier mouvement est prise trop rapidement de sorte que se perd la majesté qui lui est inhérente; il en fut malheureusement de même, toujours dans ce mouvement, à l’occasion de la première intervention du hautbois qui, normalement, doit, par sa seule entrée, totalement modifier l’atmosphère de l’orchestre où, jusque-là, ne jouaient que les cordes. Or, ici, aucun frisson: Emanuel Abbühl joue sans grâce et plombe ainsi la mélodie pendant plusieurs minutes.


En revanche, l’intervention d’Anna Larsson dans les quatrième et cinquième mouvements se révèle poétique à souhait. Il est vrai que la mezzo suédoise est une grande habituée de cette œuvre qu’elle a notamment chantée sous la direction de Claudio Abbado à la tête du Philharmonique de Berlin (souvenons-nous du merveilleux concert donné dans cette même Salle Pleyel le 13 octobre 1999) ainsi que sous celle tout aussi prestigieuse de Lorin Maazel ou, récemment, de Mariss Jansons, et qu’elle a enregistrée sous la direction tant du maestro milanais que de Valery Gergiev dans le cadre de son intégrale. Sa diction, son sens des mots, l’attention qu’elle porte à la prononciation («O Mensch!») servent admirablement l’œuvre d’autant que le chef russe s’avère être un accompagnateur hors pair. Il en va de même pour les jeunes garçons du Eltham College dans leurs fameux «Bimm bamm»; ils seront d’ailleurs tout particulièrement salués par un public globalement heureux de ce concert mais pas forcément convaincu. A voir le visage fermé de Valery Gergiev lors des saluts, il semblerait que le chef ait eu la même opinion...


Le site d’Anna Larsson
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com