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Captivante création Paris Cité de la musique 05/07/1998 - Hanspeter Kyburz : Diptychon
Igor Stravinsky : Concerto pour piano et instruments à vent
Philippe Manoury : Fragments pour un portrait Hidéki Nagano (piano)
Ensemble Intercontemporain, David Robertson (direction) Avec sa dernière création, Philippe Manoury confirme sa place essentielle dans la création musicale. Son écriture très personnelle, reconnaissable entre toutes, réussit une synthèse créatrice, car riche de potentialités, entre le travail sur le timbre des spectraux et les préoccupations plus formelles issues du sérialisme. Cela donne un flux sonore, souvent confié à l'électronique, en perpétuelle évolution dans lequel interviennent des formes aux thèmes et à la pulsation aisément identifiables mais toujours renouvelés. Une musique sensuelle et frémissante. Plus épurée et plus limpide que La Partition du ciel et de l'enfer par exemple, Fragments pour un portrait traduit une écriture ramenée à l'essentiel, à ses qualités propres et à une certaine économie de moyens (il n'y a pas d'électronique, ce qui est rare chez ce compositeur, seulement une spatialisation un peu gadget, mais l'oeuvre peut être jouée dans le dispositif frontal habituel). La variété et l'inventivité de cette écriture étonne : la tension, le tragique dans la deuxième partie, "Choral", avec les bois et les cuivres ; l'ironie dans la suivante, "Vagues paradoxales", où l'orchestre imite les sons électroniques (des formes rythmiques qui accélèrent ou ralentissent) ; l'évocation d'une atmosphère nocturne et surprenante avec "Nuit (avec turbulences)" ; ou encore la lutte des éléments dans la septième et dernière partie. L'oeuvre est absolument captivante, à quand une reprise, à quand un compact-disc ?
Une autre création figurait aussi au programme, elle aussi très convaincante, Diptychon de Hanspeter Kyburz. Pleine de vitalité, de rythme, d'invention, ses tons acides et ses formes anguleuses évoquent Varèse. La progression du discours révèle une grande maîtrise de la forme et sa mobilité un vrai talent d'écriture. A réentendre, aussi, d'urgence. Hormis un pompeux et soporifique Stravinsky, incontestablement un des grands concerts de la saison.
Philippe Herlin
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