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Grand Paris Salle Pleyel 05/05/1998 - Robert Schumann : Carnaval de Vienne op. 26
Leos Janacek : Sonate "1.X.1905"
Béla Bartok : En plein air
Franz Schubert : Sonate D958 Radu Lupu (piano) En plein air de Bartok est rarement joué en concert et peu enregistré, c'est pourtant un des sommets de la production pianistique du compositeur, une grande page pour le piano du vingtième siècle, tout simplement. Les cinq parties de cette pièce mêlent habilement des éléments pulsés et des petites cellules mélodiques : "Avec tambours et fifres" superpose des rythmes marqués duquel émerge une mélodie tenant en quelques notes, "Barcarolle" et "Musettes" expriment une gaieté simple, "Musiques nocturnes" déploie une vibration se répétant indéfiniment d'où surgit comme à l'improviste des bruits de la nature, puis "Poursuite" termine avec virtuosité et allant ces évocations champêtres. L'avant dernière séquence, "Musiques nocturnes", fascine par sa poésie indicible, son aspect intemporel et onirique ; Radu Lupu donne ici le meilleur de lui-même avec l'infinie souplesse de son touché et la profondeur de sa conception, la salle retient son souffle (et ceux qui doivent tousser ne se retiennent pas, normal). Juste avant, la sonate de Janacek, évocation de la mort et son pressentiment, avait figé la salle (sauf les tousseurs évidemment). Radu Lupu est grand, par son âme, sa pensée musicale, et son jeu, virtuose et sensible à la fois. Janacek et Bartok étaient servis entre un petit Schumann et un long Schubert, du piano inoffensif en comparaison, il fallait bien se préparer puis se reposer…
Philippe Herlin
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