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La musique en partage Paris Salle Cortot 03/07/2011 - Ludwig van Beethoven : Sonate pour cor et piano, opus 17
Franz Schubert : Ungarische Melodie, D. 817
Helena Winkelman : Intermezzo pour piano – Sic amicus amicum fugit (création)
Johannes Brahms : Danses hongroises pour violon et piano, WoO 1 n° 1 et n° 5 – Trio pour piano, violon et cor, opus 40
David Guerrier (cor), Helena Winkelman (violon), Dana Ciocarlie (piano)
Fondée en 1965 par le frère Eugène Merlet, l’association Pro Musicis s’assigne une double mission: faire connaître les jeunes talents en France et aux Etats-Unis, notamment grâce au partenariat avec une association américaine homologue née quatre ans plus tard, et, de façon plus originale, porter la musique à «ceux qui vivent dans la souffrance, l’isolement ou la pauvreté (enfants et adultes en situation de handicap, malades, détenus, ...)». Chaque concert public est ainsi ensuite systématiquement suivi de deux «concerts de partage», au programme identique et donnés par les mêmes artistes.
C’est dans ce cadre que se produisent Helena Winkelman (née en 1974) et Dana Ciocarlie (née en 1967), lauréates du «prix international Pro Musicis» respectivement en 2001 et 1996, avec un invité de choix, David Guerrier (né en 1984): popularisée par les «Victoires de la musique», sa phénoménale double carrière de trompettiste et de corniste a certainement contribué à attirer un nombre public en ce lundi soir salle Cortot. Après une présentation de l’œuvre par François Lafaye, président de l’association, le jeune musicien donne la Sonate (1800) de Beethoven sur un cor naturel dont les sonorités savoureuses, malgré l’irrégularité des timbres inhérente à l’instrument, confèrent un supplément de caractère à ces pages somme toute secondaires.
Dana Ciocarlie interprète la brève Mélodie hongroise (1824) de Schubert, qu’elle enchaîne à l’Intermezzo (1997/2007) de Helena Winkelman: ainsi que la pianiste l’a préalablement expliqué, la pièce de Schubert sert de point de départ à celle de la compositrice et violoniste suisse, une fois passée au filtre d’une écriture recourant aussi bien au traitement spectral du son qu’à la polyrythmie et à la polymétrie. Les deux femmes s’associent pour conclure la première partie de façon bien trop approximative dans les Première et Cinquième Danses hongroises (1869) de Brahms adaptées pour violon et piano.
Les trois musiciens sont réunis après l’entracte pour la création de Sic amicus amicum fugit, trio pour piano, violon et cor (moderne) de Helena Winkelman, qui précise que le titre («L’ami fuit ainsi son ami») reprend les mots mystérieusement inscrits par Haydn sur la partition de la fugue finale de son Quatuor opus 20 n° 2 de Haydn et qui revendique des influences aussi diverses que la sonorité du cor des Alpes et le Trio écrit par Ligeti pour la même formation. D’une durée de onze minutes, ce trio oppose d’abord le violon et le cor, installés à deux extrémités de la scène; ce dialogue à distance évolue ensuite vers un placement plus traditionnel, toujours debout, mais face à face et devant le piano. La musique obéit à une construction en arche, retournant au calme et à la mélancolie du début après un passage médian plus rapide et rythmé.
Alors que le cor chromatique était déjà d’usage courant, comme le rappelle François Lafaye, Brahms a expressément destiné son propre Trio (1865) au Waldhorn de sa jeunesse: David Guerrier revient donc au cor naturel et si le violon laisse ici aussi à désirer, tant en puissance qu’en justesse, l’ensemble ne manque pas d’allure, avec un poétique Andante, un énergique Scherzo (dont la section principale sera bissée), un Adagio mesto expressif et un Finale dans lequel un tempo plein d’élan mais risqué se révèle tout à fait payant.
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Le site de Helena Winkelman
Le site de Dana Ciocarlie
Simon Corley
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