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Brouillon et erratique

Paris
Salle Pleyel
03/01/2011 -  
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 4 «Italienische», opus 90
Franz Liszt : Concertos pour piano n° 1 et n° 2
Richard Wagner : Siegfried-Idyll

Daniel Barenboim (piano)
Orchestre de Paris, Omer Meir Wellber (direction)


O. M. Wellber


Les rendez-vous entre Daniel Barenboim et l’Orchestre de Paris, après les retrouvailles célébrées en 2008 avec Brahms, ont adopté un rythme régulier. Mais à chaque fois, c’est au clavier, et non sur le podium, que revient celui qui en fut le directeur musical de 1975 à 1989: après Chopin en septembre 2009 (anticipant alors quelque peu sur les deux cents ans du compositeur polonais), il retient la même formule pour Liszt, le «bicentenaire» de 2011, à savoir interpréter ses deux Concertos au cours de la même soirée, une «performance» qu’il a déjà réalisée le mois dernier avec Yaron Traub à Valence puis Dale Clavenger à Valladolid, et qu’il renouvellera dans les prochaines semaines avec Simone Young à Hambourg, Sebastian Weigle à Francfort et Zubin Mehta à Florence


Pour son talent artistique, et sans doute aussi pour son engagement politique, au sens large du terme (il reviendra à Pleyel le 21 mai prochain avec son Orchestre du divan occidental-oriental dans l’Adagio de la Dixième de Mahler et dans la Symphonie «Héroïque» de Beethoven), Barenboim demeure l’une des personnalités les plus appréciées aussi bien du public de la capitale que des musiciens qui ont travaillé avec lui durant son mandat parisien. La veille, le président de la République lui a remis les insignes de grand officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, grade, comme son site ne manque pas de le préciser, atteint avant lui par «Miles Davis, Ravi Shankar et Quincy Jones». Et, comme en 2009, il ne vient que pour un seul mardi, bousculant l’agenda de l’Orchestre de Paris, qui se produit traditionnellement le mercredi et le jeudi, mais aussi ses tarifs (jusqu’à 130 euros, au lieu de 60 euros pour les autres concerts de la saison), et ce sans le moindre retentissement sur la fréquentation.


C’est donc une salle comble qui attend près d’une demi-heure l’entrée en scène de la vedette: vu la brièveté des Concertos de Liszt – leur durée globale dépasse à peine celle du seul Premier de Chopin – il a en effet fallu prévoir des compléments substantiels. A Paris (comme à Milan dans deux semaines), c’est Omer Meir Wellber (né en 1981) qui accompagne Barenboim, dont il a été l’assistant l’Opéra d’Etat de Berlin avant d’être nommé chef principal de l’Opéra d’Israël (Tel Aviv). La tâche n’est pas facile, car le temps de répétition a sans doute essentiellement été dévolu à Liszt, d’où peut-être cette prudence, assez rédhibitoire dans la Quatrième Symphonie «Italienne» (1833) de Mendelssohn: le chef israélien, à la gestuelle aussi expansive qu’indéchiffrable, privilégie la pédagogie et la lisibilité sur la fougue juvénile, au prix d’un manque d’élan dans l’Allegro vivace (en outre privé de sa reprise), d’un Andante pas très con moto, d’un menuet indolent et d’un Saltarello peu bondissant. Rebelote après l’entracte avec Siegfried-Idyll (1870) de Wagner, dans sa version pour «grand» orchestre, qui s’enlise entre somnolence et attention excessive portée aux détails.


Après ces levers de rideau (et moyennant un changement de plateau au cours de chacune des deux parties du concert), c’est enfin le tour du pianiste, qui commence par le Second Concerto (1839/1849), réservant le Premier (1849/1856) pour conclure la soirée. Barenboim est et demeurera toujours un immense musicien, mais force est de constater qu’il livre cette fois-ci une prestation très en deçà de son talent. Non seulement il ne parvient pas à relever le défi technique – trop souvent, malgré des tempi généralement retenus, les doigts tombent à côté et les traits sont escamotés sous le tapis – mais son interprétation, bien trop brouillonne et décousue, erratique et entrecoupée de rares moments fulgurants, à l’image du solo ouvrant le Quasi adagio du Premier, se complaît excessivement dans le caractère volontiers rhapsodique des œuvres, tandis que l’orchestre a bien du mérite à le suivre. Au passage, un gadget – inutile, comme tous les gadgets: dans le Premier Concerto, le triangle est placé juste derrière le soliste, entre les premiers pupitres des premiers et seconds violons; or, s’il joue certes un rôle important dans les deux derniers mouvements, l’acoustique de Pleyel fait qu’on l’aurait tout aussi bien entendu à sa place habituelle, au fond de l’orchestre.


Quelques grands gestes tapageurs, un abus de pédale et un pied qui frappe régulièrement le sol suffisent à faire illusion pour un public conquis d’avance, auquel il offre la Troisième des six Consolations (1850), murmurée aux confins de l’indicible et du narcissique. Wellber, qui a écouté ce bis en fond de scène, assis à la place laissée libre par le tuba, revient pour faire de nouveau saluer l’orchestre, mais Barenboim l’en empêche et se lance dans la Première Valse oubliée (1881), prestement troussée.


Le site de l’Orchestre de Daniel Barenboim



Simon Corley

 

 

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