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Tubes fauréens

Paris
Salle Pleyel
02/09/2011 -  et 10 février 2011
Gabriel Fauré : Pavane, opus 50 – Elégie, opus 24 – Psaume CXXXVI – Cantique de Jean Racine, opus 11 – Requiem, opus 48

Chen Reiss (soprano), Matthias Goerne (baryton), Eric Picard (violoncelle)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Stephen Betteridge (chef de chœur), Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


M. Goerne (© Sasha Gusov/Decca)


Voici quelques jours à Cincinnati, Paavo Järvi a donné le Requiem (1889/1899) de Fauré avec son orchestre américain: il dirige de nouveau l’œuvre avec son Orchestre de Paris, cette fois-ci en seconde partie d’un programme monographique qui fait salle comble et dont un enregistrement sera réalisé par Virgin (à paraître à l’automne prochain). De Berlioz à Ravel en passant par Bizet et La Péri ou L’Apprenti sorcier de Dukas, le chef estonien n’a pas semblé jusqu’ici à son meilleur dans la musique française: sa direction claire, précise et analytique a certes toujours été louée, mais au prix d’une approche qualifiée tour à tour de bridée, cérébrale, raide, lisse et dépourvue de sensualité, d’effusions, de chaleur ou de mystère – des qualificatifs qui peuvent d’ailleurs constituer autant de qualités dans certains répertoires qui lui sont peut-être plus familiers.


Tout au long de la soirée, Paavo Järvi confirme sa volonté d’objectiver le propos et de décanter les textures: est-ce nécessairement un mal dans cette succession de «tubes» fauréens trop souvent défigurée par une suavité et une épaisseur sulpiciennes? On avouera être fortement tenté de répondre par la négative, dès l’écoute d’une Pavane (1887) subtilement dégraissée, introduite par la paradisiaque flûte solo de Vicens Prats et faisant déjà apparaître le remarquable travail accompli par Stephen Betteridge à la tête du Chœur de l’Orchestre de Paris, qui brille par sa cohésion et son raffinement. Avec plus d’intimisme que de pathos, l’Elégie (1880/1895), défendue dans un esprit chambriste par Eric Picard, premier violoncelle solo, précède une découverte: la «première audition publique» du Psaume CXXXVI (1863), l’un des travaux du tout jeune Fauré (dix-huit ans) pour le concours de composition de l’école Niedermeyer. Assez prévisible, la partition, faisant intervenir brièvement quatre solistes dont le programme ne prend malheureusement pas la peine d’indiquer le nom, est toutefois de bonne facture, malgré une orchestration un peu compacte, et révèle déjà une forte personnalité. Postérieur de deux ans seulement, le Cantique de Jean Racine (1865/1905) offre néanmoins un visage plus familier de Fauré et Järvi y cultive, comme dans la Pavane, la finesse jusqu’à l’impalpable.


A rebours des retours aux sources en vogue ces dernières décennies, il opte pour la version ultime du Requiem, faisant appel au «grand» orchestre. Nonobstant la présence de huit contrebasses, rien de lourd, de spectaculaire ou même simplement de sucré pour autant dans cette interprétation apaisée et en apesanteur, aux limites de la froideur et de la distance: le chef joue peu de la masse, sinon à la fin de l’«Agnus Dei», et, dans un tempo allant, préserve la «douceur» fauréenne sans la ramollir. Avec son émission quelque peu voilée, le chant sans artifices de Matthias Goerne dans l’«Hostias» et le «Libera me» s’accorde avec cette conception. Dans le «Pie Jesu», la soprano israélienne Chen Reiss ne possède certes pas le timbre si spécifique d’une voix de jeune garçon, mais s’en rapproche par son vibrato réduit et par sa fraîcheur.


Le site de Chen Reiss
Le site de Matthias Goerne


Le concert en intégralité :






Simon Corley

 

 

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