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Marathon beethovénien

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/31/2011 -  
Ludwig van Beethoven: Sonates pour violon et piano n° 1, opus 12 n° 1, n° 2, opus 12 n° 2, n° 5 «Le Printemps», opus 24, et n° 6, opus 30 n° 1

Renaud Capuçon (violon), Frank Braley (piano)


R. Capuçon (© Renaud Hennekeuser)


Le soir où Gustavo Dudamel se produit salle Pleyel avec son Philharmonique de Los Angeles, c’est l’un de ses partenaires de prédilection, Renaud Capuçon, qui débute avenue Montaigne, dans le cadre des «Grands solistes», une intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven. Structuré en trois concerts évitant l’ordre chronologique tout en faisant en sorte que chacun se conclue sur l’une des plus célèbres, ce marathon s’inscrit dans une tournée au long cours qui s’arrête à Paris peu de temps après qu’une captation réalisée à Bordeaux a été diffusée sur Mezzo et au moment même où paraît le coffret de trois disques qui en a été réalisé pour Virgin.


Le violoniste, qui vient de fêter ses trente-cinq ans, est l’un des rares Français à pouvoir (presque) remplir le Théâtre des Champs-Elysées un lundi soir sur son seul nom, attirant un public au sein duquel on remarque des personnalités du monde musical mais aussi quelques figures de l’élite médiatico-économique. L’accueil est toutefois aussi poli que réservé à l’issue de la première partie de la soirée. Il est vrai que la succession de deux sonates au profil très classique, la Première (1798) puis la Sixième (1801), n’offre pas une entrée en matière spectaculaire, justifiant d’ailleurs le parti pris consistant à panacher autant que possible les différentes périodes de composition. Avec la sonorité ténue, parfois comme serrée et contrainte, de son Guarneri del Gesù «Panette» (1737) qui fut celui d’Isaac Stern, Capuçon doit en outre davantage jouer de son charme et de sa finesse que compter sur la précision de ses attaques ou la netteté de ses traits. Et si Mozart est au violon, avec Frank Braley, c’est Beethoven qui est déjà au clavier, plus inventif, plus riche de couleur, plus tumultueux, dans ces pages où l’écriture ménage un rapport de forces encore assez favorable au piano.


Le texte d’introduction au programme de salle énonce d’emblée que le statut de celui qui fut longtemps considéré comme «"le jeune violoniste français en devenir"» a évolué: «il n’est plus "jeune"» – on frémit – mais «il est mature» – on respire. Mûrie, longuement mûrie, aussi, cette intégrale Beethoven qu’il met au point depuis de nombreuses années avec son complice (et aîné de plus de sept ans). Trop longuement? Le courant passe entre les deux musiciens et la mise en place paraît généralement satisfaisante, mais l’ensemble, trop sage et réfléchi, manque de relief, au point qu’en seconde partie, même Braley semble à son tour éteint, dans la Deuxième Sonate (1798), mais davantage encore dans la Cinquième «Le Printemps» (1802). On sent certes dans les premières mesures ce frisson des salles qui se retrouvent en terrain familier, à l’image de cette spectatrice qui s’écrie en chuchotant «C’est connu» puis de ces applaudissements qui jaillissent après l’Allegro initial, mais si l’on peut concéder une certaine fraîcheur à l’interprétation, il est en revanche difficile d’y retrouver le réveil de la nature et l’élan juvénile que suggèrent le sous-titre de l’œuvre. Mais le sens lyrique de Capuçon demeure précieux quand le ciel se couvre, en particulier dans les mouvements lents, beaucoup plus réussis.


La vie reprend enfin ses droits en bis dans l’Allegro vivace final de la Huitième Sonate (1802), idéalement haydnien, mais à l’issue de cette première étape, il est permis de conserver une préférence pour des duos plus poétiques et aventureux, allant plus au fond des partitions, tel celui formé par Isabelle Faust et Alexander Melnikov.



Simon Corley

 

 

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