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En quête de mots… Paris Salle Gaveau 04/06/1998 - Mélodies de Haendel, Verdi, Bellini, Franchetti, Tosti, Debussy, Rachmaninov, Poulenc, Duparc, Bachelet et Turina Nora Ansellem (soprano) C’est une impression de terrible frustration que laisse le premier récital parisien de Nora Ansellem. Cette jeune chanteuse française, lauréate du concours organisé par le METen 1994 a manifestement des moyens impressionnants. Un timbre sombre mâtiné de touches brillantes, une technique sûre, une voix souple... Hélas, la soprano ne le sait que trop. Combien de fois d’ailleurs a-t-on du lui répéter que de telles possibilités étaient un réel don du ciel. Le public encore s’extasie devant tant de talent... Mais, cela suffit-il à faire une grande chanteuse, une grande interprète ? Assurément pas, car le répertoire lyrique ne se limite pas à une succession de vocalises, aussi belles soient-elles. Or, c’est ce que nous a proposé Nora Ansellem. Un amalgame de mélodies et d’airs totalement disparates. De l’italien, du russe, du français, de l’espagnol, tout cela chanté sans distinction de style, sans souci des textes et de leur "ar-ti-cu-la-tion". Debussy et Poulenc offerts à pleine voix, incompréhensibles, sans consonnes,comme tout le reste d’ailleurs. Et toujours les mêmes mimiques, le nez en l’air, les bras qui s’agitent. De tout cela, l’auditoire de Gaveau se réjouit, tout ébahi qu’il est d’entendre une voix projetée, puissante. Il admire la bête de foire et plus on chante fort plus il applaudit. Triste, pauvre musique, réduite à une performance "sportive"...Car le plus fautif ici n’est pas cette charmante jeune femme qui manque assurement de maturité pour s’interroger sur la signification profonte de ce qu’elle interprète, mais toute cette salle frénétique qui la conforte dans ces erreurs.
Katia Choquer
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