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La fin du Crépuscule

Paris
Théâtre du Châtelet
03/26/1998 -  
Richard Wagner : Götterdämmerung (Acte III)
Heinz Kruse (Siegfried), Linda Watson (Brünnhilde), Matti Salminen (Hagen), Anne Schwanewilms (Gutrune), Donald Waxwell (Gunther), Gillian Webster (Woglinde), Hanna Schaer (Wellgunde), Leah-Marian Jones (Flosshilde)
Orchestre National de France, Jeffrey Tate (direction)

Le concert de ce soir est un prolongement de la production du Ring donnée au Châtelet en 1994 : chef et orchestre sont les mêmes, ainsi qu'une partie de la distribution (Gabriele Schnaut et Kurt Rydl, initialement prévus, durent être remplacés). Les tempos adoptés par le chef sont très lents, ses pauses démesurées évoquent davantage Brückner que Wagner. Le début de l'acte se traîne un peu. La première partie de la scène des filles du Rhin, qui pourrait être très vivante, est un peu morne : aucun contraste entre leur entreprise de séduction du début de la scène et la malédiction de la fin. Les trois chanteuses y sont pourtant parfaites, gracieuses et ironiques, délicates et méchantes. Heinz Kruse y est un Siegfried un peu trop sérieux mais vocalement efficace. La scène suivante voit la direction se raffermir. Les rôles sont très bien chantés et typés : le Gunther au bord de la crise de nerf de Donald Maxwell répond merveilleusement à l'effrayant Hagen de Matti Salminen. La mort de Siegfried, jouée en un tempo lent est, dans sa pesanteur, très bien conduite. L'excellente surprise de ce soir est la très belle Gutrune de Anne Schwanewilms - rôle dont la partie, dans ce dernier acte, bien que courte, est, à travers une modernité qui la distingue des autres personnages, particulièrement riche et expressive (l'écriture vocale réservée à Gutrune dans cet acte tend la main aux répliques de Kundry du premier acte de Parsifal). La scène est intense, gagne en ampleur avec les interventions de Hagen et Gunther. L'immolation de Brünnhilde est bien menée. Linda Watson, qui devait initialement chanter le rôle de Gutrune, est une Brünnhilde solide et puissante, mais manquant de chaleur et de féminité. La sonorité de l'orchestre est riche et variée. La direction, posée, paraît maîtresse de ses choix. L'oeuvre pâtit, bien entendu, d'une telle amputation - qui n'est pas pour faciliter la tâche du chef et du public - ainsi que d'une version de concert. L'oreille en sort cependant satisfaite.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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