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Entre amis

Geneva
Victoria Hall
01/10/2011 -  
Giuseppe Verdi :La Force du Destin: Ouverture et air «Pace, Pace, …» – La Traviata: Prélude de l'acte I – Nabucco: Ouverture – Le Trouvère: «Ne tornei … Tacea la notte placida»
Gioacchino Rossini :Sémiramide: Ouverture
Francesco Cilea :Adrienne Lecouvreur: «Poveri fiori»
Giacomo Puccini :Tosca: «Vissi d’arte» – Manon Lescaut! Intermezzo et air «In quelle trime morbide»
Pietro Mascagni :Cavalleria Rusticana: Intermezzo – L’Ami Fritz: «Son pochi fiori»

Anja Harteros (soprano)
Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski (direction)


A. Harteros (© Marco Borggreve)


Un récital peut être un exercice si frustrant. Dans neuf cas sur dix, le public n’est venu entendre que la vedette, ou pire encore, que les notes au-dessus du sol, dans neuf cas sur dix, l’orchestre bâcle les intermèdes qui n’ont de rôle que de permettre au chanteur de se reposer et enfin dans neuf cas sur dix, le/la chanteur passe de l’aéroport à la scène avec le minimum de répétitions. Faites les calculs de probabilités et confrontez le résultat à vos propres expériences.


Ce premier concert de 2011 était le traditionnel concert des amis de l’OSR. En dépit de la grippe qui a commencé à atteindre le canton, la salle pleine à craquer était particulièrement attentive et silencieuse pour célébrer la présence d’Anja Harteros qui fait partie des artistes fidèles à Genève et avec qui Marek Janowski a une relation très spéciale.


Janowski qui pourtant a démarré en tant que chef d’opéra ne veut plus revenir dans la fosse et il est bien évidemment aujourd’hui associé avant tout au répertoire symphonique traditionnel allemand. Il est assez inhabituel de l’entendre dans des miniatures italiennes. Sous sa baguette, l’Ouverture de la Force du destin est plus symphonique que théâtrale et il sait ciseler avec soin le contre-chant des violoncelles et contrebasses si souvent oublié. L’Ouverture de Sémiramide est un peu sérieuse mais Janowski sait pratiquer le crescendo (et le fameux double-crescendo rossinien) avec brio. Le sommet est enfin l’Intermezzo de Manon Lescaut, plein de poésie, de douceur et avec une couleur orchestrale dont un Richard Strauss aurait pu être fier.


C’est un privilège enfin que d’entendre Anja Harteros. Sa maitrise est impeccable: clarté des aigus, projection impeccable, homogénéité de la voix sur tous les registres, … Elle ne force à aucun moment et son phrasé est très musical. Voici le type même de cantatrice aux sommets de ses moyens dont on se dit qu’elle va vraiment durer. Mais ce qui frappe et qui rend ce moment particulièrement spécial est la qualité de l’entente avec un Marek Janowski complètement au diapason de sa soliste, la soutenant avec un soin inattendu et très attentif à ses phrasés et ses nuances. De mémoire genevoise, ceci est la première fois que Janowski démontre des qualités d’accompagnateur à un tel niveau. Quel dommage qu’un tel musicien ne veuille plus faire de l’opéra.


En bis, les musiciens nous donnent "O mio babbino caro", l’air de Lauretta de Gianni Schicchi. Y a-t-il meilleur moyen de récompenser un public dans une si belle occasion et nous rappeler à quel point un récital dans de telles conditions peut vraiment être un moment magique?



Antoine Leboyer

 

 

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