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Une bien jolie Fille

Lausanne
Salle Métropole
12/26/2010 -  et 29*, 30, 31 décembre 2010, 2 janvier 2011
Charles Lecocq: La Fille de Madame Angot
Bénédicte Tauran (Clairette), Emiliano Gonzalez Toro (Pomponnet), Jean-Sébastien Bou (Ange Pitou), Maryline Fallot (Mlle Lange), Alain Vernhes (Larivaudière), Michèle Lagrange (Amaranthe), Frédéric Longbois (Trénitz), Philippe Cantor (Louchard)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (direction), Sinfonietta de Lausanne, Nicolas Chalvin (direction musicale)
Anémone (mise en scène), Gianni Santucci (assistant à la mise en scène et chorégraphie), Jean Haas (décors), Dominique Borg (costumes), Catherine Gorne-Achdjian (assistante costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Marc Vanappelghem)


Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne a choisi de jouer la carte de l’originalité en proposant, non pas la sempiternelle Chauve-Souris ou encore une énième œuvre d’Offenbach, mais la bien plus rare Fille de Madame Angot. L’ouvrage est le seul titre de Charles Lecocq (1832-1918) – auteur pourtant d’une soixantaine d’opérettes – qui ne soit pas complètement tombé dans l’oubli. Créé à Bruxelles en 1872, cet opéra comique en trois actes connaît un énorme succès, qui ne se démentira plus cent ans durant. L’engouement est international puisque, moins de dix ans après la création, des représentations ont lieu un peu partout en Europe. La Suisse est touchée très tôt par la déferlante Angot: Genève accueille La Fille en 1873 déjà; une année plus tard, l’œuvre est présentée à Lausanne, où elle sera jouée plus de 110 fois jusqu’en 1977. Comment expliquer un tel triomphe pendant un siècle? Le programme donne des pistes: l’argument, qui situe l’action sous le Directoire, n’y serait pas étranger, offrant une galerie de personnages hauts en couleur, réels et fictifs. Ah, les Incroyables et les Merveilleuses...


Le spectacle lausannois, en coproduction avec l’Opéra Royal de Wallonie, fait la part belle aux extravagances vestimentaires, avec les magnifiques costumes de Dominique Borg, véritables petits bijoux qui donnent vie aussi bien au peuple des Halles qu’aux parvenus excentriques, un régal pour les yeux. Par contraste, le décor est simplifié à l’extrême et la mise en scène des plus classiques, racontant l’intrigue de manière lisible et fidèle. Pour ses débuts à l’opéra, la comédienne Anémone signe une production certes traditionnaliste et un brin convenue, mais fort bien huilée. Tout est impeccablement enlevé, tout s’enchaîne avec facilité, il se passe énormément de choses sur scène et on rit beaucoup. Mais d’où vient alors qu’on reste légèrement sur sa faim? Peut-être attendait-on le petit grain, si ce n’est de folie, du moins de fantaisie qu’on était en droit d’espérer de l’ancienne du Splendid.


Cette légère déception est vite dissipée par un plateau vocal de haut niveau. Malgré une projection limitée, Bénédicte Tauran incarne une Fille espiègle et au caractère bien trempé, avec un beau timbre lumineux. Premier prix du concours de chant Viotti en 2008, cette jeune soprano – abonnée aux petits rôles sur la scène du Grand Théâtre de Genève – prouve ici qu’elle a l’étoffe pour faire carrière. Impressionnant de présence scénique, Jean-Sébastien Bou donne du relief à un Ange Pitou mauvais garçon et séducteur en diable, au chant expressif. Quand bien même son accoutrement frise la caricature, Emiliano Gonzalez Toro confère beaucoup de sensibilité au personnage de Pomponnet par son chant délicat. On admire aussi l’abattage et le raffinement de Maryline Fallot en Mlle Lange. Les deux vétérans de la troupe, Alain Vernhes et Michèle Lagrange, composent quant à eux des personnages truculents, au verbe haut.



Claudio Poloni

 

 

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