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Bilan mitigé

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Vlaamse Opera
12/12/2010 -  et 14, 17, 19*, 22, 26 décembre 2010 (Antwerpen), 8, 11, 14, 16, 19 janvier 2011 (Gent)
Gioacchino Rossini : Semiramide
Myrtò Papatanasiu*/Olga Senderskaya (Semiramide), Ann Hallenberg (Arsace), Josef Wagner (Assur), Robert McPherson (Idreno), Julianne Gearhart (Azema), Igor Bakan (Oroe), Eduardo Santamaria (Mitrane), Charles Dekeyser (L’ombra di Nino)
Chœurs de l’Opéra de Flandre, Yannis Pouspourikas (chef des chœurs), Orchestre symphonique de l’Opéra de Flandre, Alberto Zedda (direction)
Nigel Lowery (mise en scène, décors, costumes), Lothar Baumgarte (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Cette nouvelle production de Sémiramis (1823) s’inscrit de plein droit dans la thématique développée cette saison par le Vlaamse Opera (« Mijn Oriënt »). Signant la mise en scène, les décors et les costumes, Nigel Lowery tente d’actualiser ce melodramma tragico en le situant à notre époque et dans un palais dévasté, en l’occurrence celui de Saddam Hussein après les bombardements. Quelques toiles, ce bon vieux carton-pâte et un rideau de scène tiré aux moments opportuns suffisent à créer l’illusion mais le dispositif s’avère pour le moins fruste. Dans ce lieu de perdition évoluent non des militaires en treillis et des terroristes islamistes, ce qui à l’heure actuelle mérite d’être souligné, mais des personnages urbains et occidentalisés. Arborant une permanente à l’ancienne, la reine évoque d’ailleurs une star du showbiz déchue. L’homme de scène britannique semble néanmoins encombré par l’ouvrage : si le second acte l’inspire davantage, le premier, figé et interminable, parait livré à lui-même. Les solistes adoptent trop souvent ces poses des productions d’antan et les chœurs une gestuelle stylée mais à la signification obscure. A moins qu’il faille le prendre au second degré, le résultat ne convainc guère, au contraire du Candide représenté voici un an et autrement plus inventif.


A la suite d’une conclusion, selon l’humeur, macabre à souhait ou d’un ridicule fini, le public accorde une ovation debout mais probablement à destination des chanteurs et de la fosse. A l’exception d’un fort bon Eduardo Santamaria (Mitrane), la distribution aborde pour la première fois cet archétype de la tragédie belcantiste. Les confrontations entre Semiramide et Arsace, popularisées par feu Joan Sutherland et Marilyn Horne, ne posent guère de difficulté à Myrtò Papatanasiu et Ann Hallenberg qui endossent leur rôle avec suffisamment d’incandescence, la première avec une instabilité mentale et une ligne vocale de bon aloi, la seconde avec des teintes graves du plus bel effet. Julianne Gearhart parvient à se distinguer dans le rôle plutôt fruste d’Azema, habillée comme une institutrice bien sur tous rapports, au même titre qu’Igor Bakan dans celui, plus consistant, d’Oroe qui ne se sépare que rarement de sa valise. En conciliant avec aisance haute qualité du chant (stabilité, projection, mordant) et investissement scénique, deux jeunes artistes marquent des points : Josef Wagner, qui incarne Assur (sorte de Michel Blanc des Bronzés mais nettement plus inquiétant) et Robert McPherson (Idreno) qui possède un authentique timbre de ténor rossinien mis en valeur avec talent – un futur Rockwell Blake ?


Le Vlaamse Opera recourt aux services d’un guide de renom : Alberto Zedda, bientôt quatre-vingt- trois ans, a réalisé une édition critique de l’ouvrage qu’il dirige amoureusement. Quelque peu mollassonnes, les premières mesures de l’Ouverture laissent craindre une prestation éteinte mais celle-ci acquiert rapidement des nuances, des couleurs et de la vigueur, maintenues sans relâche durant ce spectacle de presque quatre heures. En assurant un fini instrumental d’un niveau probant et constant, l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Flandre considère avec égards une partition qui mérite infiniment mieux qu’un accompagnement de routine, comme du reste tout le répertoire italien du début du XIXe siècle. Préparés par Yannis Pouspourikas, les chœurs épatent par leur engagement et leur homogénéité. Le prochain spectacle est d’ores et déjà à inscrire dans les agendas puisqu’il s’agit du rare Hérodiade de Massenet (du 11 au 19 février à Gand et du 25 février au 8 mars à Anvers).



Sébastien Foucart

 

 

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