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Démonstration

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/18/2010 -  et 21 (Wien), 26 (Dublin) mars 2011
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 9, opus 70
Gustav Mahler : Symphonie n° 4

Miah Persson (soprano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)


M. Jansons (© Marco Borggreve)


Le Théâtre des Champs-Elysées n’est pas tout à fait rempli pour accueillir Mariss Jansons et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, dont il est le Chefdirigent depuis la saison 2003-2004. Certes, c’est le premier samedi des vacances scolaires, certes la tempête de neige n’incite guère à mettre le nez (ou même simplement les oreilles) dehors, certes l’affiche n’offre pas à proprement parler de soliste, mais on pensait que le chef letton qui, à soixante-sept ans, fait partie des vraies stars de la baguette, aurait pu faire salle comble à lui tout seul, aussi bien, au demeurant, que la formation allemande, où s’illustrèrent avant lui Jochum, Kubelík, Kondrachine puis Maazel. Néanmoins, ceux qui sont venus savent quelle valeur accorder à ces visiteurs d’un soir, à en juger par les applaudissements inhabituellement prolongés qui saluent l’entrée en scène des musiciens.


Entendue deux jours plus tôt avenue Montaigne, la Cinquième Symphonie de Prokofiev témoignait encore d’un certain optimisme soviétique en cette fin de Seconde Guerre mondiale. Mais quelques mois plus tard, Chostakovitch, qui avait lui-même apporté sa contribution à «l’effort de guerre» dans ses Septième et Huitième, n’entonne pas dans sa Neuvième (1945) l’hymne de victoire qu’espéraient probablement les autorités. Sans posséder la noirceur de la Sixième de Prokofiev, elle est marquée par des ambiguïtés et pied de nez que Jansons fait ressortir dès un premier mouvement grotesque et sarcastique, évoquant le rouleau compresseur à la fois irrépressible et vulgaire de la Septième. L’orchestre n’est pas irréprochable, notamment du côté des bois, mais comment ne pas admirer ce quintette à cordes charnu et homogène, ces cuivres dont les attaques précises se conjuguent à une sonorité délicieusement moelleuse? On est d’autant plus porté à le faire que l’interprétation tient en même temps d’une démonstration de virtuosité (Presto central) et de force (Finale): une mécanique rutilante et parfaitement huilée, sous l’autorité d’un chef à la technique imparable et en osmose avec son orchestre.


Comme la Neuvième chez Chostakovitch, la Quatrième (1900) tient une place un peu particulière au sein de l’œuvre de Mahler: le style des compositeurs y est clairement identifiable, mais elles ne s’en distinguent pas moins par leurs dimensions et leur effectif relativement modestes ainsi que par leurs références à un certain classicisme (Haydn, Mozart). Cinq jours après le Mariinsky et trois jours après la version réduite par Erwin Stein, la Quatrième est donc déjà de retour, dans le cadre du «cycle Mahler» du Théâtre des Champs-Elysées. Mais si Gergiev a pu décevoir dans cette symphonie, tant au disque qu’au concert, tel n’est pas le cas de Jansons, à la tête d’un orchestre impeccable, dont la tradition interprétative dans ce répertoire remonte à Kubelík. Après avoir laissé craindre le pire par un ralenti très appuyé au début du thème initial du premier mouvement, il en donne une réalisation minutieuse et millimétrée, limpide et éclatante, qui aurait sans doute même paru un peu trop léchée s’il n’avait par ailleurs si remarquablement mis en valeur le caractère fantastique du Scherzo, avec un remarquable solo de violon en scordatura, puis la délicatesse et la tendresse de l’ample mouvement à variations. Ayant rejoint les musiciens à la faveur de la pause entre ces deux mouvements, Miah Persson maîtrise les aigus du lied final et fait apprécier un médium agréablement pulpeux, même si elle manque quelquefois de puissance, mais c’est ici encore la formidable qualité du travail instrumental qui frappe le plus.


Mariss Jansons sera de retour à Paris dès le 14 février prochain, cette fois-ci salle Pleyel, pour diriger l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, autre formation d’excellence dont il a le bonheur d’être également le directeur musical.


Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise



Simon Corley

 

 

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