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L'instant magique Paris
Théâtre de la Ville
03/14/1998 -
Benjamin Britten : Lachrymae (Réflections sur un air de Dowland), pour alto et piano op.48
Franz Schubert : Sonate pour arpeggione et piano D 821
Dimitri Chostakovitch : Sonate pour alto et piano op. 147
Tabea Zimmermann (alto), Hartmut Höll (piano) Rares sont les concerts d'une telle intensité, d'une telle justesse. Le jeu de la jeune altiste Tabea Zimmermann est d'une tranquille détermination (elle sait où elle va, et comment elle y va) et d'une grande intériorité (elle sait aussi pourquoi elle y va, et sait le faire partager). Son jeu, peu vibré, arrive à maintenir une extrême tension en restant au bord du précipice. Les trois oeuvres du programme avaient des accents tragiques, y compris la célèbre Sonate pour arpeggione de Schubert, dont la simplicité ne devrait pas faire oublier une certaine angoisse, ou, du moins, noirceur. Toutes trois furent interprétées de manière bouleversante. Très concentrés, Tabea Zimmermann et Hartmut Höll les ont joué en forçant l'auditeur à la plus grande concentration. Bien que resserrée, la dynamique fut très subtile : Hartmut Höll touchait son piano avec une délicatesse infinie. L'accord des deux musiciens était parfait, l'un ne cessant de renvoyer au climat que l'autre contribuait à installer. On retrouvait ainsi l'intimisme et toute la force de la musique de chambre. Le public, très attentif, ne s'y est pas trompé, et, fait extraordinaire, en a complètement oublié de tousser entre les mouvements. Un concert exemplaire !
Stéphan Vincent-Lancrin
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