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Krivine : la crinière de Lyon Toulouse
Halle aux Grains
03/12/1998 -
Anton Webern : Passacaille op.1, Six pièces op. 6
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°35
Bela Bartok : Concerto pour violon n°2
Leonidas Kavakos (violon)
Orchestre National de Lyon, Emmanuel Krivine (direction) Evénement très attendu de la saison toulousaine, la venue de l'orchestre de Lyon n'aura très certainement déçu personne, malgré un programme sans concession. Dès les pièces de Webern, compositeur auquel le chef a consacré un cycle il y peu, le ton était donné. Dépassant l'apparente aridité de ces oeuvres, Krivine a su y insuffler une dimension dramatique, voire tragique, qui culminait dans les Six pièces op.6 qu'il a unifiées en un crescendo véritablement prenant. Cette interprétation tranchait avec la conception plus intellectuelle habituellement proposée par d'autres musiciens, mais rappelait que Klemperer décrivait le compositeur jouant ses oeuvres avec "une fougue et un fanatisme extrêmes, passionnément". Cette fougue n'excluait nullement un grand soin apporté au détail instrumental et à la précision de l'ensemble, jamais prise en défaut. On peut se demander pourquoi certains toulousains ont cru bon d'ajouter leurs ronflements ou la lecture bruyante des programmes à l'audition de ces oeuvres sans doute trop nouvelles pour eux. Le Mozart, cursif, virtuose, aux détails très pensés et aux phrasés très soignés a permis d'apprécier la cohésion parfaite de l'Orchestre de Lyon et sa sonorité très fondue, ronde et chaleureuse. Le concerto de Bartok fut le plus éclatant succès de la soirée. Parfaitement en phase avec un soliste précis, virtuose et engagé, le chef put libérer toute son énergie, sans jamais verser dans la brutalité. Ainsi portée par ces deux forts tempéraments, la musique de Bartok a gagné une ovation nourrie d'un public toulousain parfaitement réveillé qui a fait un véritable triomphe au valeureux soliste. le concert était l'exemple réussi de la fusion de deux tempéraments complémentaires : un chef fougueux associé à un orchestre précis et très homogène, partageant la même tonicité y formaient un couple parfait.
Laurent Marty
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