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Probité musicale Paris Salle Pleyel 03/06/1998 - Johannes Brahms : Concerto pour piano n°1
Albert Roussel : Symphonie n°3
Richard Strauss : Till Eulenspiegel
Gerhard Oppitz (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Marek Janowski (direction) On retrouve toujours avec plaisir Gerhard Oppitz, son jeu refuse tout ce qui s'apparente à l'effet, à la brillance, au démonstratif ; pensé et mûri, il cultive au contraire le sens du dosage et la clarification du discours. Les différentes atmosphères du premier mouvement et ses incessantes variations de tempo furent parfaitement rendues, le mouvement lent se déroula dans un doux recueillement, puis le finale, sans précipitation, développa toute sa puissance musicale. Cependant, sur la durée du concerto, cette probité confine quelque peu à l'austérité et le refus absolu de tout effet trahit peut être la peur de prendre des risques. Cette lecture classique et mesurée ne se grave pas dans notre mémoire même si elle possède d'éminentes qualités.
Marek Janowski ne peut que se reconnaître dans la probité musicale de Gerhard Oppitz, ils collaborent d'ailleurs souvent ensemble et viennent de terminer une intégrale des concertos pour piano de Ludwig van Beethoven (1). Mais l'on trouve chez le directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Radio France un engagement et une conviction qui le rendent captivant. La symphonie de Roussel et le poème symphonique de Strauss, deux oeuvres hautement virtuoses, ont d'abord confirmé la grande maîtrise technique de l'orchestre et la qualité de chacun de ses pupitres, notamment les vents très sollicités ici. Mais la direction de Marek Janowski a su aussi y ajouter une tension, une concentration, une fougue, en somme une âme qui fait des bons concerts des concerts d'exception ; des Till Eulenspiegel de ce niveau, on n'en entend pas tous les jours !
Ce concert constituait en fait la dernière "répétition" avant une grande tournée en Allemagne culminant à Berlin le 12 mars, dans la salle de la Philharmonie, et dont on espère qu'elle accroîtra encore la notoriété d'un chef dont la carrière n'a peut-être pas l'ampleur qu'elle mérite (quand pourra-t-on entendre à Bayreuth l'un des grands wagnériens actuels ?).
(1) Concerto n°2 et Concerto pour violon (version pour piano de 1808, une curiosité), nouveauté RCA
Philippe Herlin
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