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Lord Newlands vs. comtesse Polignac

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/02/2010 -  
Serge Prokofiev: Concerto pour violon n° 2, opus 63
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 10, opus 93

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre national de France, David Afkham (direction)


D. Afkham (© Chris Christodolou)


Tous deux firent des débuts précoces, sinon prodiges. Tous deux jouent sur un stradivarius, «comtesse Polignac» (1699) pour l’aîné, «lord Newlands» (1702) pour le cadet. Tous deux se succèdent à Paris dans le même concerto, au demeurant pas si courant, le Second (1935) de Prokofiev, et tous deux offrent Bach en bis – le second vient d’ailleurs de l’enregistrer pour Naïve. Mais c’est tout ce qui les rassemble, tant cette confrontation à distance aura souligné leurs différences – et c’est tant mieux ainsi: le jour et la nuit, le soleil et la lune, l’air et la terre, le feu et l’eau, les oppositions symétriques pourraient être multipliées à l’infini, et ce dès leurs entrées respectives, l’un jaillissant des coulisses avec une évidente envie d’en découdre, l’autre avançant posément vers le devant de la scène.


Le mercredi, Gil Shaham avait ébloui, à tous les sens du terme, les spectateurs de Pleyel (voir ici); le lendemain au Théâtre des Champs-Elysées, question de tempérament, Sergey Khachatryan (né en 1985), qui était initialement annoncé en début de saison dans le Concerto de son compatriote Khatchaturian, adopte un registre antinomique. Moins de spontanéité et de naturel, une expression plus intériorisée, concentrée et tourmentée, peut-être aussi plus étouffée dans le premier mouvement. Moins solaire et exubérant, le violoniste arménien chante de façon moins éperdument communicative dans l’Andante assai central, que son confrère américano-israélien prenait le temps de savourer langoureusement. Dans un tempo pourtant rigoureusement identique, l’Allegro ben marcato final semble chez l’un plus Allegro, porté par un élan irrépressible, chez l’autre plus marcato, pour en souligner le caractère conflictuel. Le dialogue paraît plus équilibré avec l’Orchestre national qu’avec l’Orchestre de Paris, mais la veille, on n’avait sans doute d’oreilles que pour le soliste, très en avant avec sa sonorité claire et son jeu puissant. Et, sous les applaudissements pareillement chaleureux des musiciens et du public, même les bis divergent, au-delà du choix de Bach: aux trois extraits de la rayonnante Troisième Partita interprétés par Shaham, Khachatryan préfère le méditatif Adagio de la Première Sonate, dans le même sol mineur que le concerto.


La seconde partie de ce bref programme, dont la première aurait gagné à être augmentée d’une pièce introductive, permet de mieux faire connaissance avec celui auquel les rênes du National ont été confiées pour l’occasion: David Afkham (né en 1983), protégé de Bernard Haitink, a remporté le concours Donatella Flick (2008) et occupe les fonctions de chef assistant à l’Orchestre symphonique de Londres ainsi qu’à l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler. Il appartient en outre à la première promotion de quatre jeunes talents sélectionnés cette saison dans le cadre du «Dudamel Fellowship Program» créé par le nouveau directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Sa lecture de la Dixième Symphonie (1953) de Chostakovitch est bien tenue, pédagogique, avec même une tendance à appuyer un peu trop certains détails. A la tête d’un Orchestre national convaincu et globalement en bonne forme, le chef allemand semble attaché à respecter le statut de grand classique acquis par cette œuvre, quitte à brider excessivement le propos: sans être prosaïque, il manque d’arrière-plans et un ton plus oppressant, féroce ou rugueux, de même que davantage de virulence, de truculence et d’ambivalence n’auraient pas été déplacés.


Le site de Sergey Khachatryan



Simon Corley

 

 

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