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Hindemith, loin des clichés

Paris
Amphithéâtre Bastille
11/23/2010 -  
Paul Hindemith : Sonates pour alto et piano, opus 11 n° 4 et opus 25 n° 4 – Sonates pour alto seul, opus 11 n° 5 et opus 25 n° 1
Antoine Tamestit (alto), Markus Hadulla (piano)


A. Tamestit (© Alvaro Yanez)


Parallèlement aux représentations de Mathis le peintre (voir ici), l’Opéra national de Paris propose du 25 septembre au 30 novembre à l’Amphithéâtre Bastille quatre concerts et une rencontre permettant au public de se familiariser avec un musicien qui n’a pas nécessairement bonne presse dans notre pays et dont, saison après saison, on ne donne en fait régulièrement que les Métamorphoses symphoniques. D’autres programmes de cette série («Convergences») ont été ou seront consacrés au piano, au lied et au quatuor, mais il était évidemment impossible de ne pas évoquer l’alto, dont le compositeur allemand fut un virtuose, tant en soliste qu’au sein du Quatuor Amar dont il fut le fondateur. Rien d’étonnant à ce qu’il ait destiné à son instrument de prédilection non seulement des concertos, dont le charmant Schwanendreher, mais aussi plusieurs sonates, quatre en solo et trois avec piano (sans compter celle pour viole d’amour).


Et rien d’étonnant à ce que Christoph Eschenbach, qui dirige la nouvelle production de l’opéra de Hindemith, soit lui-même venu faire un tour au récital d’Antoine Tamestit (né en 1979) qui, avec Markus Hadulla, a choisi quatre de ces œuvres, montrant le compositeur sous des jours assez différents. En effet, fort bien soutenu par son partenaire allemand pourtant confronté lui aussi à des parties techniquement exigeantes, l’altiste français se livre, sur le Stradivarius de 1672 qui lui est actuellement prêté, à une éclatante démonstration de son talent, somptueux mais pas exclusivement hédoniste. Archet soyeux, sonorité riche, pleine et sensuelle, puissance et justesse rendent justice au postromantisme des deux sonates extraites de l’Opus 11 (1919) et suffisent à tordre le cou au cliché d’un style caricaturalement réduit à un contrepoint indigeste.


Tamestit prend en outre visiblement plaisir à communiquer avec le public pour lui faire partager, avec des mots simples, son amour de cette musique mais aussi tout ce qu’elle évoque pour lui de plus personnel. A son invitation, on prêtera ainsi l’oreille aux influences de Bach, revendiquée dans la passacaille conclusive de la Sonate opus 11 n° 5 (pour alto solo), mais aussi, plus inattendue, de Debussy, tant ses harmonies que ses couleurs, comme dans la Fantaisie ouvrant la Sonate opus 11 n° 4 (en duo). Composé trois ans plus tard (1922), l’Opus 25 marque une maturation du style de Hindemith, alors pourtant seulement âgé de vingt-sept ans, évoluant vers davantage de densité et d’âpreté: à l’élégance un peu ironique du Scherzo de l’Opus 11 n° 5 répond ainsi le fameux quatrième mouvement de l’Opus 25 n° 1 (pour alto seul), avec ses indications délirantes, tant métronomiques (600 à la noire) qu’expressives («Tempo enragé. Sauvage. La beauté du son est accessoire»). Mais l’intensité des deux mouvements lents qui l’entourent n’est pas moins poignante. De même, celui de l’Opus 25 n° 4 (en duo) est encadré par une page de caractère motorique et par une sorte d’Allegro barbaro frénétique d’où émergent quelques bribes folkloriques.


Nouveau changement de style, plus apaisé, pour le bis, un arrangement de la «Méditation» tirée du ballet Nobilissima visione (1938), concluant une fort belle soirée: avec un compositeur du génie de Hindemith et un interprète de la trempe de Tamestit, l’alto s’émancipe de cet état de parent pauvre de la famille des cordes auquel il a été si longtemps et si injustement réduit.


Le site de la Fondation Hindemith



Simon Corley

 

 

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