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Grandes et trop petites architectures

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
10/07/2010 -  et 8 octobre 2010
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4
Anton Bruckner : Symphonie n°3

Alexei Volodin (piano)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)


A. Volodin (© Marco Borggreve)


Marc Albrecht quittera la direction de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg à la fin de cette saison. Son mandat, indispensable reprise en main d’une formation en quête d’identité, a pu aboutir à une véritable amélioration technique et artistique mais sera malheureusement resté un peu court. On espère que l’élan donné parviendra ensuite à ne pas s’essouffler sous la direction du Slovène Marko Letonja, récemment désigné après un appel à candidatures auquel ont répondu de très nombreux chefs en exercice.


Avant de partir pour Amsterdam rejoindre son poste de nouveau directeur musical de l’Orchestre Philharmonique Néerlandais (qui se produit beaucoup à l’opéra mais aussi en concert dans la grande salle du Concertgebouw, une perspective attrayante à laquelle il paraît effectivement difficile de résister !), Marc Albrecht a conçu une dernière saison un peu plus ardue que les précédentes, où il a accordé davantage de place à quelques domaines qui lui tiennent particulièrement à cœur : de grandes pièces du répertoire germanique mais aussi une place particulière accordée au XXe siècle, en particulier viennois. Symboliquement, l’ultime concert déploiera tout l’arsenal des Gurre-Lieder de Schoenberg, manifestation d’adieu à la fois luxueuse mais d’une réelle exigence.


Pour l’instant, ce concert d’ouverture en reste à un générique relativement sage, qui servira également de base à une brève tournée de l’orchestre en Italie (Modène, Reggio Emilia, Mantoue), et en Allemagne (Cologne). Les grands alignements d’ensemble et les effets de masse des Symphonies de Bruckner conviennent en général bien à l’Orchestre de Strasbourg, qui parvient à y sonner avec une bonne homogénéité, même du côté des cuivres, et cette 3e Symphonie ne fait pas exception. Marc Albrecht privilégie des tempi allants, au détriment parfois d’un certain confort, les fins de phrase peinant à bien se poser. On apprécierait parfois un peu plus d’aération mais la visite du monument s’effectue toutefois dans de bonnes conditions. Cette Symphonie d’habitude assez peu jouée, et dont on ne saurait limiter l’intérêt à un hommage wagnérien certes audible mais qui n’a rien de servile ou de scolaire, séduit de bout en bout.


Les premières parties de concert brucknerien sont souvent dévolues à un concerto de proportions pas trop grandes, et assez fréquemment un « petit » concerto mozartien. Ici, c’est le 4e Concerto pour piano de Beethoven, qui tient ce rôle, dans lequel il paraît à l’étroit. Superbe technicien, Alexei Volodin bride continuellement ses sonorités, ne paraît jamais vouloir adopter une véritable « patte » beethovenienne. Ses traits restent à fleur de clavier, soigneusement calibrés et mesurés mais sans réelle possibilité d’architecture. A l’écouter on passe d'agréables moments, à condition toutefois de ne pas espérer de véritables instants de grandeur où la musique pourrait déborder d’un cadre rigide. On ne sait pas non plus si le tempo très vif du second mouvement a été imposé par le pianiste ou s’il s’agit aussi d’une recherche nouvelle du chef. Cela dit, à ce train là, il paraît impossible, de développer correctement le bouleversant dialogue entre soliste et orchestre qui constitue la plus belle singularité de ce 4e Concerto.



Laurent Barthel

 

 

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