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Quand Esther invite Robert Paris Salle Adyar 09/26/2010 - Robert Schumann : Carnaval, opus 9 – Märchenbilder, opus 113 (+) – Quintette avec piano, opus 44 (#)
Fanny Coupé (alto), Romain Descharmes, Emmanuelle Gabarra (+), Jonas Vitaud (#) (piano), Quatuor Zaïde: Charlotte Juillard, Pauline Fritsch (violon), Sarah Chenaf (alto), Juliette Salmona (violoncelle)
«Les Concerts d’Esther», c’est la concrétisation de l’ambition et du rêve d’une passionnée: organiser des manifestations musicales afin de faire partager ses coups de cœur et son admiration pour les interprètes. Avec tout ce que cela suppose d’investissement personnel et d’abnégation, Nathanièle-Esther Baumerder et son mari Jean-Claude sont les chevilles ouvrières de ce projet engagé l’année dernière. Cette saison s’ouvre sur un «marathon Schumann», mini-festival consistant en trois programmes différents concentrés sur une après-midi et une soirée: belle consolation en ce dimanche frais et pluvieux, mais à en juger par le dernier concert, c’est un public (trop peu nombreux) de connaisseurs et de professionnels qui s’est rendu salle Adyar. Situé dans l’ensemble Art nouveau du square Rapp, à la lisière du Champ-de-Mars, le lieu est pourtant idéal pour la musique – c’est d’ailleurs là qu’Yves Nat et Marcelle Meyer y enregistraient dans les années 1950.
Partition sous les yeux, Romain Descharmes (né en 1980), premier prix au Concours de Dublin (2006), débute par un Carnaval (1835) versatile et haut en couleur, pétant le feu et conquérant, furieusement romantique voire à l’emporte-pièce, mais aussi charmeur et intimiste. La puissance confine parfois à une dureté de toucher qui traduit peut-être aussi les limites d’un Bechstein un peu rétif, dont la mécanique paraît bien fatiguée. Deuxième alto solo au Philharmonique de Radio France depuis 2000 et autrefois membre du Quatuor Renoir, Fanny Coupé est à peine moins flamboyante dans les Märchenbilder (1851). Avec une sonorité chaude et un archet généreux dans les première et dernière pièces, avec virtuosité et passion dans les deux pièces centrales, elle fait face à un piano un peu envahissant: très impliqué, l’excellent accompagnement offert par Emmanuelle Gabarra n’est pas en cause, mais le couvercle du piano aurait sans doute dû être quelque peu rabattu.
S’enchaînant sans entracte, le Quintette avec piano (1842) apparaît très souvent à l’affiche cette année en raison du bicentenaire de la naissance du compositeur, mais l’œuvre s’écoute cependant ici avec un plaisir renouvelé. Fidèle à sa disposition originale (de gauche à droite, violon I, violoncelle, alto et violon II), le Quatuor Zaïde forme avec Jonas Vitaud (né en 1980) un attelage parfaitement complice. Au-delà d’une mise en place impeccable, leur communauté de vues se révèle en effet dans un Schumann ne manquant pas de puissance, mais ni lourd ni massif pour autant, mendelssohnien dans sa quête d’un idéal classique, comme dans cette manière d’investir le deuxième mouvement sans excès de pathos, faisant ressortir la section rapide de façon d’autant plus frappante. Un phrasé et une respiration naturels, un discours avançant avec fluidité et évidence, des interventions instrumentales de très belle qualité, tout cela vient confirmer que les quatre jeunes femmes n’usurpent pas le prix de la critique musicale qui leur a été décerné en mai dernier au concours de quatuor de Bordeaux (voir ici).
Les prochains «concerts d’Esther» se tiendront au musée Carnavalet les 3 et 10 décembre avec le pianiste Philippe Guilhon-Herbert, mais la salle Adyar accueillera d’ici là le premier volet d’une autre série dédiée à Schumann, celle présentée par Rive Gauche Musique, qui associe dès le 9 novembre prochain Claire Désert, Philippe Graffin et Gary Hoffman.
Le site des Concerts d’Esther
Le site du Théâtre Adyar
Le site de Romain Descharmes
Le site du Quatuor Zaïde
Simon Corley
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