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Les très riches Heures de la rue de Poissy

Paris
Collège des bernardins
09/25/2010 -  
Johann Sebastian Bach : Johannes-Passion, BWV 245

Hans Jörg Mammel (Evangéliste, ténor), Matthias Vieweg (Christ, baryton), Jan Kobow (Serviteur, ténor), Stephan MacLeod (Pierre, Pilate, baryton), Maria Keohane (Servante, soprano), Carlos Mena (contre-ténor)
Ricercar Consort, Philippe Pierlot (direction)


(© Laurence de Terline)


Fondé en 1245 par les cisterciens, le Collège des bernardins, rue de Poissy (à deux pas de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et de la salle de la Mutualité, entre le boulevard Saint-Germain et la rue des Ecoles), a renoué avec sa vocation d’origine: transformé successivement en prison, entrepôt, caserne de pompiers et internat depuis la Révolution, il a été acquis par le diocèse de Paris et rénové entre 2004 et 2006 pour devenir un «lieu d’étude et de recherche au cœur de la pensée chrétienne». Ses activités s’ordonnent autour de quatre axes: rencontres et débats, formation, recherche et, enfin, culture. Au côté du cinéma, des expositions et des arts vivants, la musique a toute sa place: un cycle «Musique et transmission» propose en effet des tables rondes («Chopin et l’exil», «Les opéras de Mozart: un itinéraire spirituel?») et plusieurs concerts, eux-mêmes complétés au besoin par un débat, une conférence (le Quatuor Arpeggione et le compositeur Anthony Girard) ou une lecture (le Quatuor Ludwig et Michel Serres dans les Sept dernières paroles du Christ de Haydn).


Le point culminant de la programmation musicale est toutefois atteint dès le dernier samedi de septembre, durant lequel se déroule le festival «Les Heures des bernardins», par référence au rythme de la journée monastique. Véronique de Boisseson, assistée d’un «conseiller musical» qui n’est autre que René Martin, a mis sur pied une alternance de quatre concerts et de trois conférences, dès 8 heures 30 et jusqu’à 23 heures. Cette année, le thème est «Les voix de la Passion»: après Couperin et ses Leçons de ténèbres pour les matines, après les tombeaux baroques (Marais, Sainte-Colombe, ...) éclairés par des lectures de Bossuet par Jean-Claude Drouot pour les laudes, après la projection de La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer accompagnée d’improvisations de Thierry Escaich et suivie d’un débat pour les vêpres, voici la Passion selon saint Jean (1724) pour les complies.


Pour le Ricercar Consort de Philippe Pierlot, déjà à l’affiche quelques heures plus tôt dans Couperin, et pour une belle galerie de chanteurs, la grande nef affiche complet, consacrant le succès de cette manifestation. Le programme de salle est payant, mais un exemplaire du livret et de sa traduction a été déposé sur chaque chaise: à la faveur d’un éclairage propice, bon nombre de spectateurs se plongent dans cette lecture, à en juger par le bruit des pages qui se tournent, ce qui n’empêche cependant pas certains de manipuler régulièrement leur iPod – détonante juxtaposition des époques et des civilisations! Sous ces voûtes gothiques mais assez peu élevées, l’acoustique se révèle finalement plus lointaine que réverbérée et, du moins depuis le tout dernier rang, les tutti paraissent quelque peu embrumés. Est-ce donc le lieu qui contribue également à arrondir les angles et à amoindrir l’impact de cette interprétation, comme si elle peinait à remplir l’espace? Toujours est-il qu’elle a paru plus raffinée que dynamique, plus paisible que dramatique. Il est vrai que l’effectif revendique une certaine modestie, avec notamment un chœur constitué pour l’essentiel par les six solistes, qui restent toujours derrière les musiciens, même pour chanter leurs airs. Si ce chœur, bien que réduit à huit unités, ne convainc pas toujours par son homogénéité, la performance instrumentale n’appelle en revanche que des éloges, à commencer par Philippe Pierlot lui-même à la viole de gambe dans les airs «Erwäge» et, bien sûr, «Es ist vollbracht!».


Voilà en tout cas une soirée bien remplie pour l’Evangéliste: outre son rôle, bien tenu malgré quelques aigus incertains, et sa participation aux ensembles choraux, Hans Jörg Mammel chante, non sans difficultés, l’air «Ach, mein Sinn». Les autres airs de ténor sont confiés à Jan Kobow, moins puissant mais plus subtil, d’un timbre moins séduisant mais plus à l’aise dans l’aigu. Le Jésus de Matthias Vieweg est quant à lui en manque de graves, de telle sorte que Pierre et Pilate, incarnés par Stephan MacLeod, ont bien plus d’autorité: le baryton suisse est tout aussi remarquable dans ses airs, et l’on admire ainsi la beauté du phrasé dans l’arioso «Betrachte, meine Seel» après s’être réjoui d’avoir entendu le rare et saisissant «Himmel reisse» (avec choral des sopranos) tiré de la version de 1725. Malgré une intonation parfois un peu déroutante, la Suédoise Maria Keohane, expressive et lumineuse, offre des moments de grâce tant dans «Ich folge dir gleichfalls» que dans «Zerfliesse, mein Herze». Carlos Mena n’est pas en reste, projetant parfaitement sa voix à la fois juste, pure et claire.


Le site du Collège des bernardins
Le site du Ricercar Consort
Le site de Hans Jörg Mammel
Le site de Matthias Vieweg
Le site de Maria Keohane
Le site de Stephan MacLeod



Simon Corley

 

 

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