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Une rentrée avec Schumann

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/16/2010 -  
Robert Schumann : Symphonie n° 3 «Rheinische», opus 97
Carl Maria von Weber : Euryanthe, opus 81, J. 291: Ouverture
Richard Wagner : Götterdämmerung: Voyage de Siegfried sur le Rhin – Mort de Siegfried et Marche funèbre

Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Marco Dos Santos)


De retour d’une tournée européenne qui les a notamment conduits aux Proms de Londres, l’Orchestre national de France et son directeur musical, Daniele Gatti, effectuent leur rentrée parisienne, ouvrant une saison qui, outre la continuation du cycle Mahler au Châtelet (dès le 23 septembre avec la Cinquième symphonie), propose une succession prometteuse de chefs (Bychkov, Conlon, Davis, Gardiner, Sado, Zinman, ...) et de solistes (Angelich, Bavouzet, Roesel, Zehetmair, ...) ainsi que deux opéras en version de concert (Fidelio et I due Foscari).


Malgré le caractère peu aventureux du programme, bien des sièges restent libres au Théâtre des Champs-Elysées: faut-il donc la présence d’un soliste pour attirer le public? Le concert est le premier d’un cycle «Schumann à la folie» consacré jusqu’au 14 octobre à l’autre grand «bicentenaire» de 2010 par toutes les formations de Radio France, qui lui dédie également les 18 et 19 septembre le premier de ses nouveaux week-ends thématiques au CENTQUATRE (l’ancien service municipal des pompes funèbres, rue d’Aubervilliers).


Un mauvais esprit ne manquerait pas d’observer que c’est un enterrement de première classe qui a été réservé à la Troisième symphonie «Rhénane» (1850). En tout cas, on y aura vainement attendu la «folie» – à quelque sens du terme que ce soit – promise par le titre de cette série. Le chef italien s’aventure ici sur un terrain d’élection de son prédécesseur (qui dirigera d’ailleurs la Deuxième le 7 octobre), mais si le Schumann de Masur était terrien, celui de Gatti ne décolle pas. La mise en place paraît sans doute plus soignée, mais dès le premier mouvement, dont la reprise est omise, la musique semble lestée par un épais tapis de cordes (soixante musiciens), un ton solennel, voire grandiloquent, et, surtout, un tempo très retenu (malgré l’indication «Animé»), qui s’alanguit même un peu plus, ici ou là. Cette impression de pesanteur et de fatigue se confirme dans un pachydermique Scherzo et un soporifique mouvement lent, certes marqués respectivement «Très modéré» et «Pas vite», mais dépourvus de frémissement, de respiration, de vie. Cet académisme est moins rédhibitoire dans le caractère volontiers archaïsant du quatrième mouvement, mais le manque d’élan plombe à nouveau un Finale bien laborieux et massif.


Au moins a-t-on tout le temps d’étudier une disposition totalement inédite des pupitres, dont les avantages supposés ne ressortent toutefois pas de façon évidente: violons I et II au premier plan de part et d’autre du podium, altos au centre, devant les violoncelles (légèrement surélevés), contrebasses en deux moitiés égales derrière chacun des deux groupes de violons, puis un rang de bois sans les clarinettes, placées au rang suivant entre les cors et trompettes, et, enfin, trombones et timbales en fond de scène.


Le début de la seconde partie reste en mi bémol, mais l’espoir renaît avec une Ouverture d’Euryanthe (1823) pleine de fougue, quoique parfois un peu raide et brutale. En rénovant l’opéra allemand, Weber ouvrit la voie à Wagner, et si ce dernier n’était esthétiquement pas proche de Schumann, le Rhin tient dans son œuvre une place tout aussi importante, puisque le fleuve irrigue toute la Tétralogie. Le premier des deux extraits du Crépuscule des dieux (1874), le «Voyage de Siegfried sur le Rhin», le rappelle d’emblée, enchaîné attaca à la «Marche funèbre». En revanche, bien qu’annoncée dans le programme de salle, la scène finale («Immolation de Brünnhilde») n’est pas donnée, mais la «Marche funèbre» est inhabituellement augmentée du passage qui la précède immédiatement dans l’opéra, c’est-à-dire la mort du héros. Le «Voyage» débute sous d’heureux auspices instrumentaux et interprétatifs, dans un esprit straussien et presque hollywoodien, mais s’achemine vers une conclusion très ralentie, menant à une «Marche funèbre» clinquante, démonstrative et appuyée, qui ne manque cependant pas de produire son effet: les spectateurs, bientôt rejoints par les musiciens, saluent chaleureusement Daniele Gatti.


Le site de l’Orchestre national de France



Simon Corley

 

 

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