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Lucerne
Centre de la culture et des congrès
09/10/2010 -  et 17 (Dortmund), 23 (Birmingham), 26 (London) septembre 2010
Richard Wagner: Tristan und Isolde

Gary Lehman (Tristan), Matthew Best (König Marke), Violeta Urmana (Isolde), Jukka Rasilainen (Kurwenal), Stephen Gadd (Melot), Anne Sofie von Otter (Brangäne), Joshua Ellicott (Ein Hirt/Ein junger Seemann), Darren Jeffery (Ein Steuermann)
Herren des Schweizer Kammerchors, Norbert Balatsch (préparation), Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction musicale)
Bill Viola (vidéos), Peter Sellars (mise en scène)


Violeta Urmana (© Bill Viola Studio)


Toute en courbes aux couleurs blanches, la salle du Centre de la culture et des congrès de Lucerne a des allures de paquebot, avec ses quatre balcons comme autant de ponts. Les nombreuses ampoules du plafond noir font, quant à elles, penser à un ciel étoilé. Et lorsque résonnent les accords de Tristan und Isolde, le public a presque l’impression de se retrouver sur la même embarcation que les deux amants, pour un long, très long voyage. Au début de la représentation, la voix du matelot parvient du dernier balcon, là où sont aussi installées les trompettes. Les solistes investissent la plupart du temps la scène, devant les musiciens, mais font également irruption au parterre, parmi les spectateurs, avant de se poster à différents endroits des balcons, comme pour occuper tout l’espace. Et lorsque, à la fin du premier acte, les lumières s’allument au paroxysme de la musique, l’effet est saisissant.


Pour de sombres questions de droits d’auteur (chacun des trois actes a été acheté par un musée différent), les vidéos de Bill Viola à la base du Tristan und Isolde créé à l’Opéra de Paris en 2005 ne pourront plus être associées aux représentations du chef-d’œuvre de Wagner dans la mise en scène minimaliste de Peter Sellars. Elles ont donc été projetées une dernière fois à Lucerne, avant Dortmund et Birmingham. Les interrogations suscitées par le spectacle à Paris, notamment sur l’interaction entre les vidéos et ce qui se passe sur le plateau, n’ont rien perdu de leur pertinence. Quoi qu’il en soit, les images de Bill Viola dominées par l’eau, le feu, la terre et le ciel, et oscillant entre rêve et réalité, sont tout simplement superbes. L’œil est certes constamment sollicité, mais la musique garde la primauté, grâce à une distribution de haut vol et à un orchestre en forme superlative.


Comme à Paris, Esa-Pekka Salonen est sur le podium, mais cette fois à la tête du Philharmonia Orchestra. Le chef joue admirablement sur les contrastes, passant de pianissimi à peine audibles aux fortissimi les plus exaltés, de moments de tension extrême à des instants de pur lyrisme, en alternant les rythmes et en changeant les atmosphères dans une grande fluidité. Le son du Philharmonia est soyeux et rutilant à la fois; les passages solos sont admirables, notamment l’intervention du cor anglais au début du troisième acte. Gros bémol toutefois, le chef a tendance à oublier que les musiciens ne se trouvent pas dans une fosse, encore moins dans une fosse couverte comme à Bayreuth, mais juste derrière les chanteurs, lesquels sont souvent contraints de puiser dans leurs dernières ressources pour se faire entendre. Violeta Urmana est celle qui semble le moins souffrir de la situation, tant la voix est immense, incroyablement projetée et lumineuse. Si son Isolde laisse peut-être à désirer en termes de nuances, on ne peut qu’être ébloui par ses notes qui s’envolent au-dessus de l’orchestre. Gary Lehman en Tristan terriblement humain offre, lui aussi, une prestation remarquable, sans le moindre signe d’effort dans la voix dans une rôle pourtant épuisant. Anne Sofie von Otter, qu’on n’attendait pas forcément dans ce répertoire, incarne une Brangäne magnifique d’expressivité. Le reste de la distribution est à l’avenant. Sans conteste, ce Tristan restera comme l’un des moments forts de l’édition 2010 du Festival de Lucerne.



Claudio Poloni

 

 

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