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Orgie sonore

Paris
Salle Pleyel
09/08/2010 -  et 4 (Rotterdam), 6 (Basel) septembre 2010
Gustav Mahler : Symphonie n° 8

Viktoria Yastrybeva, Anastasia Kalagina, Lyudmila Dudinova (sopranos), Nadezhda Serdyuk, Zlata Bulycheva (mezzo-sopranos), Sergei Semishkur (ténor), Vladimir Moroz (baryton), Vadim Kravets (basse)
Chœur du Théâtre Mariinsky, The Choir of Eltham College, Andreï Petrenko (chef de chœur), Marina Mishuk (chef de chant), Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Decca/Marco Borggreve)


Pour l’ouverture de la saison 2010-2011, Pleyel a vu les choses en grand en invitant les forces du Mariinsky à donner la monumentale «Symphonie des Mille» (1907) de Gustav Mahler. Après un désert musical aussi aride que l’été parisien fut mouillé, on goûte son plaisir en retournant rue du Faubourg Saint-Honoré, se résolvant avec difficulté à la perspective d’une désaffectation de la vocation symphonique de la salle au bénéfice de la future Philharmonie. En entendant le vacarme que produit par moments le Veni, Creator Spiritus – qui respire vraiment mal dans Pleyel –, on comprend néanmoins en quoi la construction d’un auditorium de grande dimension est importante pour la capitale. D’autant que la vision compacte de Valery Gergiev est vite étouffante, manquant d’aération et de nuances. Il faut dire que l’impression visuelle d’étroitesse n’arrange rien: en face d’un public venu en nombre, la scène paraît presque bondée avec ses choristes à l’arrière-scène, son chœur d’enfants au milieu de l’orchestre et ses solistes sur le côté gauche... et ce, alors même que les Mille sont plus proches des deux cents.


Si le programme de salle renseigne sur la biographie de tous les artistes à l’exception du chef, c’est pourtant bien Valery Gergiev qui est au centre de ce dispositif sonore, dans une œuvre dont il a laissé une récente gravure avec le Symphonique de Londres (lire ici). Sa direction électrisée – tendue comme un fil de fer dans la première partie – dégage élan plutôt que souffle. Elle paraît surtout manquer d’émotion et de mystère, surprenante par des choix de tempos un peu expéditifs, n’emportant réellement l’adhésion que lorsque les masses de l’«Alles Vergängliche» seront soulevées par des cuivres coupants et des cordes déchaînées et dans certaines transitions, particulièrement bien amenées. Gergiev réussit pourtant l’essentiel: donner sa cohérence et son moteur à cette œuvre que peu ont dirigé autant que lui ces dernières années. Malgré la jeunesse d’une grande partie de ses pupitres, l’Orchestre du Mariinsky se montre à la hauteur de la tâche, notamment grâce au talent de ses cordes et de ses percussions. On apprécie, en effet, la précision du cymbalier et la subtilité du timbalier – tous deux exceptionnels de tenue – et, si les cuivres – loin d’être irréprochables – ne gagnent que progressivement en aplomb, violons, altos, violoncelles et contrebasses sont dignes de louanges – dégageant énergie et véhémence, mêlant densité et souplesse.


Embarqués dans une éprouvante tournée européenne (où sera même associée, lors d’un concert, la Deuxième symphonie de Chostakovitch à cette Huitième de Mahler), les chœurs du Mariinsky se révèlent aussi vaillants qu’athlétiques – à défaut d’être toujours très subtils –, mais laissent parfois percevoir une forme d’indifférence routinière... à la différence des boys de l’Eltham College, impeccables d’engagement et de professionnalisme. Alors que les solistes sont traités comme des pupitres instrumentaux dans la première partie, ils conservent, dans la scène de Faust, une remarquable homogénéité tout en laissant davantage s’exprimer les individualités. Retenons, à ce titre, le nom de la soprano Anastasia Kalagina et du ténor Sergei Semishkur, véritables révélations de ce concert de rentrée, le second compensant un manque de moelleux dans la voix par un chant robuste et même saisissant, la première impressionnante par sa facilité et sa ferveur. Soulignons, pour finir, l’excellente initiative de la salle Pleyel d’installer – comme à l’opéra – un dispositif de surtitrage des paroles chantées.


Toujours est-il qu’en ce début de saison, l’orgie mahlérienne se poursuit allégrement, salle Pleyel, et l’ogre Gergiev s’en fait le Lucullus en chef... Outre la Huitième symphonie du présent concert, Valery Gergiev reviendra, avec le Mariinsky, donner les Première, Deuxième, Quatrième, Cinquième et Sixième symphonies (les 11, 12 et 13 décembre) puis, avec l’Orchestre Symphonique de Londres, pour les Troisième, Septième, Neuvième symphonies ainsi que pour l’Adagio de la Dixième (les 26, 27 et 28 mars). Mais il faudra également compter, dans ce «festival Mahler» permanent, sur Eliahu Inbal (la Dixième (version Cooke) et les Kindertotenlieder avec Hampson et la Philharmonie tchèque, le 29 janvier), Michael Tilson Thomas (la Deuxième avec San Francisco, le 31 mai), Daniel Barenboim (l’Adagio de la Dixième avec le Divan, le 21 mai), Wolfgang Doerner (les Rückert-Lieder avec l’Orchestre Pasdeloup, le 20 novembre), Gustavo Dudamel (la Neuvième avec Los Angeles, le 31 janvier) et – par-dessus tout – Claudio Abbado (la même Neuvième mais avec Lucerne, le 20 octobre).


Mais les Symphonies de Mahler ne seront pas le seul leitmotiv de cette nouvelle saison, qui fera entendre pas moins de quatre Héroïques de Beethoven (Fedosseïev le 6 décembre, Haitink le 19 janvier, Janowski le 13 mars, Barenboim le 21 mai) et de quatre Pathétiques de Tchaïkovski (Altinoglu le 17 décembre, Barenboim le 6 février, Dyadyura le 26 février, Yamada le 15 juin). On saluera, du coup, avec gratitude la réjouissante programmation Zemlinsky du Philharmonique de Radio France, qui donnera la Sinfonietta (10 septembre), les Lieder sur des poèmes de Maeterlinck (27 novembre), la Symphonie lyrique (3 décembre) et La Petite Sirène (28 janvier).


Le site de la salle Pleyel
Le site de Valery Gergiev
Le site de l’Orchestre du Théâtre Mariinsky



Gilles d’Heyres

 

 

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