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Public emballé

La Roque
Parc du château de Florans
08/01/2010 -  
Franz Liszt : Concerto pathétique – Rhapsodie hongroise n° 2
Johannes Brahms : Danses hongroises n° 1, 2, 5, 6, 11, 16 et 17
Alexandre Borodine : Kniaz Igor: Polovetskaia pliaska
Serge Rachmaninov : Suite pour deux pianos n° 2, opus 17

Boris Berezovsky, Brigitte Engerer (piano)


B. Engerer, B. Berezovsky (© Leslie Verdet)


Deux pianistes aimés des festivaliers et emblématiques de La Roque d’Anthéron, Boris Berezovsky et Brigitte Engerer, proposent une excursion en Hongrie puis en Russie. Qui dit Hongrie dit bien sûr Liszt, même si la virtuosité un peu creuse de son Concerto pathétique (1856) pour deux pianos évoque plutôt les salons qu’il fallait épater par des joutes d’accords, de gammes, de traits et d’arpèges, hormis dans un Andante qui se rapproche de ses meilleures inspirations. Mais cette pluie de notes se transforme hélas en pluie tout court. Revenant sur scène cette fois-ci pour un quatre mains, ce sont les artistes, une fois n’est pas coutume, qui applaudissent les spectateurs et non le contraire: il est vrai que les gradins sont restés stoïques et silencieux lorsque l’averse a débuté. Leur courage est ensuite raffermi par une distribution gratuite de «ponchos de secours» transparents ou bleus. Au moins ne pourra-t-on pas dire que le public n’était pas emballé.


L’intensité des précipitations ne cessant de croître, le bruit perturbe quelque peu les sept – parmi les plus fameuses – des vingt-et-une Danses hongroises (1869) de Brahms sélectionnées par Berezovsky et Engerer, qui semblent y mettre d’autant plus d’énergie, un brin militaire – à la hussarde, puisque le mot est d’origine magyare. Le calme revient cependant à partir de la Onzième danse, les Seizième et Dix-septième réservant également de beaux moments de lyrisme. Retour à Liszt, et au sec, pour la fin de la première partie, avec la Deuxième rhapsodie (1847) transcrite pour quatre mains (1874) d’après la version orchestrale. La précision n’est pas toujours au rendez-vous, mais cette version fonctionne parfaitement, surtout prise à un tempo aussi diabolique.


Après un entracte durant lequel la météo semble de bon augure, quelques gouttes accueillent les «Danses polovtsiennes» (1879) tirées du deuxième acte du Prince Igor de Borodine, dans un arrangement (à quatre mains) dont l’auteur n’est pas précisé et qui fait l’impasse sur la célèbre et puissante Danse générale. L’œuvre est certes privée de son apparat orchestral et choral, mais elle gagne ainsi en sauvagerie, montrant ce que Daphnis et Le Sacre lui devront encore trente ans plus tard. Retour à deux pianos pour conclure, sous une ondée repartie de plus belle, avec la Seconde suite (1901) de Rachmaninov. L’ayant rodée au disque pour Mirare il y a trois ans (voir ici), Berezovsky et Engerer se trouvent en terrain connu: l’Introduction défile avec fermeté, la Valse tourbillonne, la Romance chante et la Tarentelle est imparable de brio.


Après la pluie, le beau temps? Ce sera pour plus tard: en attendant, il faut rentrer «sous le tonnerre et les éclairs», mais avec le réconfort de trois bis d’esprit léger: un arrangement (pour quatre mains) de la Polka de la Première suite pour orchestre de jazz (1934) de Chostakovitch, le Baby Boogie que jouait dans les années 1940 et 1950 le duo formé par Livingston Gearhart (1916-1996) et son épouse Virginia Morley (née en 1915), et, à nouveau à quatre mains, «La Branche (Chansonnette de Titoff)» deuxième des six «fantaisies» de Souvenir de la Russie, adaptations d’airs populaires publiées sous le nom de «G. W. Marks» et attribuées au tout jeune Brahms.



Simon Corley

 

 

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