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Moments schubertiens

Paris
Hôtel de Soubise
07/15/2010 -  
Robert Schumann : Adagio et Allegro, opus 70
Bruno Mantovani : Huit moments musicaux
Franz Schubert : Trio avec piano n° 1, D. 898

Trio Cérès: Jonas Vitaud (piano), Julien Dieudegard (violon), Noémi Boutin (violoncelle)


Le Trio Cérès


Si l’affiche du festival «Jeunes talents» doit renoncer un jour à ses fameux pots de fleurs dans lesquels poussent divers instruments de musique, le futur emblème de cette manifestation est tout trouvé: les pinces à linge multicolores avec lesquelles musiciens et tourneurs de pages tentent de fixer aux pupitres les partitions malmenées par de capricieuses rafales. Mais la météo n’est pas la seule menace pesant sur ces concerts en plein air: si les mouettes se tiennent jusqu’à présent à l’écart et si un avion passe parfois dans le ciel, il faut également parfois compter avec des aléas véritablement inhabituels, comme ce podium installé place de l’Hôtel de ville, dont les décibels, portés par un petit vent d’ouest, parviennent jusqu’à l’hôtel de Soubise.


Le Trio Cérès fait les frais de cet imprévu: constitué en octobre 2006, il a obtenu dès 2007 un troisième prix au concours de l’ARD (Munich), mais il est vrai que ses membres, qui ont désormais autour de 30 ans, jouent ensemble depuis 1999. C’est en duo qu’ils ouvrent le programme: dans le diptyque Adagio et Allegro (1849) de Schumann, Noémi Boutin (née en 1983) joue avec simplicité et sensibilité, sans se laisser aller à des effets faciles, et dialogue à égalité avec son partenaire, Jonas Vitaud (né en 1980), faisant ressortir maint détail d’une partie qui, d’ordinaire, est davantage cantonnée à un discret accompagnement.


Bruno Mantovani, invité de cette dixième édition du festival, vient lui-même présenter en quelques mots et avec un solide sens de l’humour ses Huit moments musicaux, créés par le Trio Wanderer dans le cadre de la «Folle journée» nantaise consacrée en 2008 à Schubert. Quelques années plus tôt, dans Mit Ausdruck, il avait travaillé sur des citations extraites de ses œuvres, mais sa démarche est ici totalement différente. Inspiré par le sentiment d’attente résultant de ces «célestes longueurs» que Schumann prisait chez Schubert, il n’en opte pas moins pour une concision (un peu plus d’un quart d’heure) qui est celle de «moments musicaux» se concentrant chacun sur une seule idée et se réfère à une autre notion éminemment schubertienne, celle de cycle, les huit parties s’enchaînant d’ailleurs sans interruption. Après un début sérieusement perturbé par les échos venus de l’Hôtel de ville, le calme revient heureusement, permettant d’apprécier la subtilité et la versatilité d’une écriture qui ne touche jamais terre, sorte de jeu du chat et de la souris, entre statisme et virtuosité, ostinatos et temps suspendu, récitatif et improvisation: assurément une contribution importante au répertoire d’une formation que les créateurs d’aujourd’hui donnent l’impression de négliger au profit du quatuor à cordes.


Précisément, toute la seconde partie est dédiée à Schubert. Le piano articulé et souple de Jonas Vitaud, le violon élégant et fin de Julien Dieudegard, le violoncelle juste et pudique de Noémi Boutin se joignent avec une cohésion irréprochable et une belle qualité instrumentale dans un Premier trio (1827) plus intimiste que symphonique, tout de délicatesse, de fraîcheur et de sérénité. Plutôt que de mettre en valeur l’ampleur de la construction, le Trio Cérès va toujours de l’avant, avec fluidité et naturel, sans s’attarder ni s’alourdir: omission de la reprise de l’Allegro moderato, Andante un poco mosso bien allant, troisième mouvement bien dans le caractère d’un scherzo et Allegro final très vivace, dansant et entraînant, avant même une coda particulièrement enlevée.



Simon Corley

 

 

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