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Oranges estivales

Paris
Orangerie du Domaine de Sceaux
07/11/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Variations sur «Ah! vous dirai-je, maman», K. 300e [265] – Adagio en si mineur, K. 540 – Fantaisie en ut mineur, K. 385f [396] – Sonate n° 10, K. 300h [330]
Franz Schubert : Allegretto en ut mineur, D. 915 – Sonate n° 23, D. 960

Zhu Xiao-Mei (piano)




A Sceaux, les étés se suivent et se ressemblent – mais qui s’en plaindra? Pour la quarante-et-unième édition du festival, Jacqueline Lœwenguth ajoute vingt-et-un concerts à une liste qui en compte déjà plus de 1400! Le samedi et le dimanche à 17 heures 30 (et le vendredi soir pour La Belle Meunière avec Mark Padmore et Christian Zacharias le 10 septembre), l’orangerie bâtie par Hardouin-Mansart en bordure du parc dessiné par Le Nôtre s’ouvre comme chaque année aux fidèles et aux valeurs sûres (Philippe Bianconi, les frères Capuçon, Olivier Charlier, Marc Coppey, Isabelle Faust, François-Frédéric Guy, Jean-François Heisser, Felicity Lott, Jean-Marc Luisada, Raphaël Oleg, Anne Queffélec, le Quatuor Fauré, ...) mais aussi aux jeunes artistes (les sœurs Bizjak, Romain Descharmes, Adam Laloum, Kenji Nakagi, Nima Sarkechik, les quatuors Casals et Voce, ...).


Au-delà d’un bouleversant itinéraire personnel, celui du triomphe de l’art sur la barbarie, Zhu Xiao-Mei a su toucher le cœur du public français. Long et exigeant, son programme corrige l’image réductrice d’une pianiste entièrement dévouée à la défense de Bach, comme pourraient notamment le laisser penser son dernier disque paru chez Mirare (le Premier livre du Clavier bien tempéré) et sa récente venue au Théâtre des Champs-Elysées (Variations Goldberg). Mozart en première partie, Schubert en seconde: elle n’a pas pour autant choisi la facilité.


Quelques flottements dans les Variations sur «Ah! vous dirai-je, maman» (1778) ne nuisent pas à l’essentiel: un toucher tour à tour moelleux et perlé, un discours fermement tenu, un zeste de naïveté et d’espièglerie, le tout pour un Mozart à la fois vivant et délicat, jamais figé dans la joliesse, la préciosité ou la mièvrerie. Dans un climat complètement différent, l’Adagio en si mineur (1788) préfère la pudeur aux soupirs factices. De même, elle n’exagère pas le caractère sombre de la Fantaisie en ut mineur – celle de 1782, et non pas, comme annoncé, celle de 1785, célèbre portique de la Quatorzième sonate. Retour à une fête digitale, malgré une réalisation toujours un peu incertaine, dans la Dixième sonate (1778/1784): à la légèreté de ton des mouvements vifs répond un Andante cantabile témoignant d’un art consommé à habiter une simplicité qui se refuse à la fadeur.


Abordant Schubert avec l’Allegretto en ut mineur (1827), Zhu Xiao-Mei marque bien la différence: le classicisme laisse clairement la place au romantisme et elle transfigure cette courte pièce par ses phrasés imprévisibles, ses ruptures et la lenteur de son tempo. Une vision originale sinon étrange qui conduit sans interruption à la Vingt-troisième sonate (1828), dont elle joue les quatre mouvements d’une seule traite. C’est que loin des constructions métaphysiques érigées par certains interprètes, elle conçoit l’œuvre comme un parcours dans lequel le Wanderer schubertien avance d’un bon pas, sans se retourner: le vaste Molto moderato initial est privé de sa reprise et, quitte à patiner ici ou là, l’Allegro final n’est pas du tout ma non troppo. Mais ce voyage procure bien des enchantements, la pianiste, parfois presque à fleur de peau, sortant davantage de sa réserve que dans Mozart pour user d’une plus large palette dynamique et expressive. Offerte en bis, la Litanie pour le jour des morts (1816) dans l’arrangement (1840) de Liszt prolonge ce moment privilégié.


Le site du festival de l’Orangerie de Sceaux



Simon Corley

 

 

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