About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le pèlerinage de la rose

Paris
Orangerie de Bagatelle
06/27/2010 -  
George Frideric Haendel : Suites en mi mineur, HWV 438, et en fa mineur, HWV 433
Robert Schumann : Gesänge der Frühe, opus 133
Frédéric Chopin : Nocturnes, opus 15 n° 1 et opus 48 n° 2 – Mazurkas, opus 59

Racha Arodaky (piano)




Le Festival Chopin à Paris aurait pu, plus que tout autre, se contenter de ne célébrer qu’un bicentenaire très attendu, mais il a décidé de rendre également hommage à un autre natif de 1810, puisque Schumann est associé à parité avec le compositeur polonais sur l’affiche aussi bien que dans la programmation. Juste retour des choses, non seulement parce que partout dans le monde, Schumann n’a pas été aussi favorisé en cette année 2010, mais aussi parce que son admiration pour Chopin, très tôt salué par le critique musical qu’il était par ailleurs, ne fut semble-t-il pas réciproque, bien qu’ils se soient brièvement rencontrés à deux reprises et se soient mutuellement dédicacé les Kreisleriana et la Deuxième ballade.


Avec un sens particulièrement bienvenu de la formule, Schumann a écrit, à propos des Mazurkas: «Les œuvres de Chopin sont des canons enfouis sous les fleurs». Dans sa préface au programme de salle, Jean-Yves Bras, conseiller musical du festival, est d’autant plus fondé à rappeler cette phrase que cette vingt-septième édition, après une inauguration solennelle au grand auditorium de l’UNESCO avec François-René Duchâble, se déroule comme de coutume parmi les fleurs, à Bagatelle, domaine de la rose, dont Schumann décrivit dans un vaste conte vocal le touchant Pèlerinage en ce bas monde.


Chopiniens, schumanniens ou tout simplement amateurs de musique, les pèlerins reprennent le chemin du bois de Boulogne pour trois grosses semaines qui sont d’emblée dédiées aux deux compositeurs vedettes, servis par sept jeunes pianistes qui se succèdent le premier dimanche après-midi. La formule du «café-confer’» (conférence matinale précédée d’un croissant) a été reconduite avec Brigitte François-Sappey sur le «nouvel âge poétique»; en outre, le film documentaire Chopin’s Afterlife d’Ophra Yerushalmi est diffusé en partenariat avec le centre scientifique de l’Académie polonaise des sciences, tandis qu’est organisé pour la première fois un «atelier musico-littéraire» («Un après-midi avec George Sand et Frédéric Chopin») destiné aux 7-11 ans. Pour le reste, jusqu’à une clôture confiée à Abdel Rahman El Bacha, le festival s’ouvre évidemment aussi à d’autres compositeurs, de Bach à Rachmaninov, au travers de huit concerts «aux chandelles» le soir, consacrés aux artistes confirmés (Giusiano, Guy, Luisada, Merlet, Queffélec, ...), et de trois récitals d’une heure le dimanche après-midi, réservés aux talents à découvrir, à l’image de Racha Arodaky.


La pianiste franco-syrienne a récemment publié un disque Haendel (Air Note), dont elle a déjà donné un aperçu en novembre dernier à l’Athénée (voir ici). Elle présente ici deux Suites, l’une (en mi mineur) extraite du deuxième volume (1733), l’autre (en fa mineur) du premier volume (1720). On retrouve donc sans surprise mais avec le même plaisir un Haendel ni austère ni luxuriant, nuancé et varié au gré d’une très grande variété de toucher, qui conduit vers Scarlatti, Beethoven et même Schumann. Précisément, au lieu de ses Etudes symphoniques initialement annoncées, viennent ensuite les rares et ultimes Chants de l’aube (1853): des profondeurs du clavier jusqu’à l’exaltation, Racha Arodaky use d’une large palette sonore et expressive, quitte à frapper un peu fort dans le troisième chant.


Chopin, bien sûr, pour conclure, toujours partition sous les yeux, avec d’abord deux Nocturnes – le Premier (1831) des trois de l’Opus 15 et le Second de l’Opus 48 (1841) – d’excellente tenue, sensibles, sans affectation ni froideur, puis les trois Mazurkas de l’Opus 59 (1845), un peu raides. En bis, Racha Arodaky offre deux de ses pièces favorites, le Menuet en sol mineur de Haendel, tiré de la Suite en si bémol du deuxième volume, et la toute première des 555 Sonates de Scarlatti (en mineur), avec une furia digne de Martha Argerich.


Le site du Festival Chopin à Paris
Le site de Racha Arodaky



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com