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Vlaamse Opera
06/13/2010 -  et 16, 19, 22, 24, 27* juin (Antwerpen), 3, 6, 8, 10 juillet 2010 (Gent)
Benjamin Britten : Peter Grimes
Jorma Silvasti (Peter Grimes), Judith Howarth (Ellen Orford), Peter Sidhom (Captain Balstrode), Rebecca de Pont Davies (Auntie), Liesbeth Devos (First niece), Tineke Van Ingelgem (Second niece), Christopher Lemmings (Bob Boles), Graeme Danby (Swallow), Carole Wilson (Mrs Sedley), Philip Sheffield (Reverend Horace Adams), Leigh Melrose (Ned Keene), Milcho Borovinov (Hobson), Louis Janssens, Adriaan Verschueren (Apprentis)
Koor en Symphonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Leif Segerstam (direction), Yannis Pouspourikas* (direction et chef des chœurs)
David Alden (mise en scène), Paul Steinberg (décors), Brigitte Reiffenstuel (costumes), Adam Silverman (éclairages), Maxine Braham (chorégraphie)


(© Annemie Augustijns)


La saison du Vlaamse Opera s’achève sur une production illustrant à merveille le fil conducteur retenu, « Tegen de stroom ». Etre à contre-courant, il en est effectivement question dans Peter Grimes (1943-1945) de Britten qui a fait l’objet d’une nouvelle production créée à l’English National Opera en mai 2009 et reprise à Anvers ce mois-ci puis à Gand en juillet. Récompensé pour sa mise en scène, David Alden a reçu le South Bank Show Award, ce qui se comprend mais n’empêche pas de formuler quelques réserves. Son travail aux intentions limpides s’inscrit dans d’esthétiques décors de Paul Steinberg qui déplacent l’action vers l’époque de composition. Plan incliné, tôle ondulée rouillée, parois en bois délavées, couleurs à dominantes bleue, grise (superbe ciel menaçant) et noire, tout cela suffit à évoquer tant la triste solitude du pêcheur pointé du doigt que la puissance des éléments naturels et à décrire un village conservateur, tourné vers l’église et, bien que patriote, replié sur lui-même. Le spectacle prend ainsi clairement parti pour Peter Grimes.


Le New-Yorkais souligne le caractère des personnages, qui forment une des plus passionnantes galeries de portraits de l’art lyrique, mais le jeu scénique accumule les gesticulations jusqu’au ridicule, comme s’il fallait meubler à tout prix l’action. Le traitement réservé aux nièces, jumelles quelque peu simples d’esprit, est à cet égard significatif – pourquoi rampent-elles dos-à-ventre dans la scène de l’auberge ? – au même titre qu’un Ned Keene pitoyablement arrogant, survolté et accro aux médicaments. Malgré ce fatras expressionniste, qui culmine lors de la soirée dansante de Moot Hall (l’orgie nous sera toutefois épargnée), David Alden réussit la plupart des scènes, comme la première du deuxième acte (sur la plage le dimanche matin), perçue avec acuité et visuellement épatante, alors que celle qui clôt l’acte précédent ne convainc que modérément, en particulier à cause d’un dispositif inadéquat. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une auberge mais d’une sorte de salon.



(© Annemie Augustijns)


Sur le plan vocal, rien de rédhibitoire à inscrire sur l’ardoise. Possédant la carrure requise, Jorma Silvasti incarne un Peter Grimes de rêve et au profil psychologique creusé, moins ambigu que contrasté. Face à lui, l’Ellen Orford sensible et très british de Judith Howarth ne démérite pas ainsi que le capitaine Balstrode de Peter Sidhom, rendu manchot et sans doute plus intelligent que la moyenne des villageois. Difficile d’imaginer que Carole Wilson n’avait jamais endossé jusqu’alors le rôle de Mrs Sedley qui lui sied comme un gant. Rebecca de Pont Davies marque les esprits dans celui d’une Auntie quelque peu garçon manqué et s’aidant d’une canne comme le capitaine. Leigh Melrose évolue avec aisance dans les habits élégants d’un Ned Keene décidément imbuvable tandis que les jeunes (et belges) Liesbeth Devos (première nièce) et Tineke Van Ingelgem (seconde nièce) suscitent l’intérêt.


L’Orchestre symphonique du Vlaamse Opera ne délivre pas un niveau de finition irréprochable mais il diversifie sa palette et porte l’action grâce à l’urgence dramatique dont il fait preuve. La direction est répartie entre Leif Segerstam (six représentations dont la première), qui a profité de ses débuts dans cette institution pour créer sa Deux cent quatrième Symphonie (sic), et Yannis Pouspourikas (quatre dont celle de ce dimanche) qui s’est également chargé de la préparation des chœurs, particulièrement au point dans les magnifiques pages que leur a réservées le compositeur.



Sébastien Foucart

 

 

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