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Le Triomphe de l’amour

Paris
Salle Pleyel
05/30/2010 -  
Claudio Monteverdi: L’incoronazione di Poppea

Danielle de Niese (Poppea), Philippe Jaroussky (Nerone), Anna Bonitatibus (Ottavia), Max Emanuel Cencic (Ottone), Antonio Abete (Seneca), Ana Quintans (Drusilla), Claire Debono (Fortuna, Pallas, Venere), Katherine Watson (Virtute, Damigella), Hanna Bayodi-Hirt (Amore), Suzana Ogranjensek (Valetto), José Lemos (Nutrice), Robert Burt (Arnalta), Juan Sancho (Soldato, Consulo, Famigliare), Damian Whiteley (Mercurio, Littore, Tribuno, Famigliare), Mathias Vidal (Lucano), Andreas Wolf (Liberto, Tribuno), David Webb (Soldato, Consulo)
Les Arts Florissants, William Christie (direction musicale)


D. de Niese (© Decca/Chris Dunlop)


Après la production du Teatro Real de Madrid, voici Le Couronnement de Poppée à Paris pour une seule et unique représentation en version de concert. Toutefois, la version de concert prend des accents scéniques : les protagonistes ne viennent pas tour à tour chanter leur partie, mais évoluent comme lors d’une représentation scénique avec jeu d’acteur. On a même droit à quelques effets de costumes : Suzana Ograjensek, le valetto, porte une chemise à jabots, Robert Burt et José Lemos, respectivement Arnalta et la nourrice d’Octavie, portent un voile sur la tête. De même, Max Emanuel Cencic souligne quelque peu son travestissement au moment de tuer Poppea en se parant de l’étole d’Ana Quintans qui incarne Drusilla. On peut même peut-être voir un jeu de costumes entre Philippe Jaroussky et Max Emanuel Cencic qui campent des personnages aux mœurs opposées, le premier habillé de noir avec chemise blanche, le second, habillé de blanc avec chemise noire. Ces effets de scène rendent possibles des touches comiques, notamment de la part de Robert Burt, qui, à l’instar de la production madrilène, se donne à corps perdu dans le comique et le grotesque lors de son dernier air, ce qui lui vaut d’ailleurs des applaudissements fort nourris.


A propos d’applaudissements, justement, les spectateurs ne se trompent pas en soulignant la magnifique prestation d’Ana Bonitatibus, qui sait parfaitement marier inflexions de la voix et jeu d’actrice sobre mais efficace pour camper une Octavie touchante. De manière générale, les rôles secondaires nous offrent des moments musicaux d’une grande qualité : la fraîcheur d’Ana Quintans sied parfaitement au rôle de Drusilla, et Mathias Vidal nous offre un Lucano aux nuances parfaitement maîtrisées. Claire Debono, Hanna Bayodi-Hirt et Katherine Watson nous procurent également de beaux instants de plaisir musical. On déplorera peut-être le jeu légèrement exagéré de Suzana Ograjensek et les graves un peu rudes de José Lemos qui n’enlèvent toutefois rien à leur talent vocal. Max Emanuel Cencic, quant à lui, semble peiner à trouver ses marques dans son jeu d’acteur qui s’améliorera cependant au fur et à mesure de la représentation. Ce n’est pas le cas de Philippe Jaroussky et Danielle de Niese, dont la majesté de leur rôle n’a d’égales que leur performance d’acteur, convaincante dès le départ, et leurs voix puissantes et bien ajustées.


Ces voix sont d’ailleurs merveilleusement soulignées par l’accompagnement magistral des Arts Florissants, oscillant avec une technique remarquable entre délicatesse et accentuation. Au demeurant, William Christie n’a pas grand-chose à faire pour guider les musiciens, tant ceux-ci font montre d’une connaissance extrêmement fine et précise de la partition et d’une cohésion magnifique.


Ainsi, le triomphe de l’amour que ce sublime opéra met en scène, fait à juste titre un triomphe : les applaudissements retentissants se mêlent aux bravo sonores des spectateurs qui n’hésitent pas à se lever pour acclamer d’autant mieux chanteurs et musiciens. C’était donc peut-être cela le but de Monteverdi : que le triomphe de l’amour soit aussi le triomphe de l’amour des spectateurs pour cette œuvre splendide.



Fanny Fossier

 

 

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