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Les riches heures de Touraine

Tours
Loches (Collégiale Saint-Ours)
05/16/2010 -  
Luigi Madonis : Sonate pour violon et basse continue, opus 2 n° 4
Gabriel Fauré : Nocturne n° 4, opus 36 (arrangement Gilles Colliard)
Aymé Kunc : Pastorales: «Près d’une source» (arrangement Georges Armand)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Sérénade pour cordes, opus 48

Alexandre Brussilovsky (violon), Ronan Khalil (clavecin)
Orchestre de chambre de Toulouse, Pierre Bleuse (direction)




Il y avait les riches heures du duc de Berry, mais il faudra désormais compter avec «Les Heures concertantes de Touraine», dont la première édition se déroule du 15 mai au 20 juin. Fondateur et directeur artistique de cette manifestation, le violoniste français d’origine russe Alexandre Brussilovsky (né en 1953), par ailleurs directeur artistique de l’association Pont Alexandre III qui œuvre au rapprochement musical franco-russe et qui organise ce festival, ne pouvait que placer la programmation sous le signe de l’année France-Russie: Glinka, Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, d’un côté, Lully, Berlioz, Franck, Chausson, Debussy, Ravel, Poulenc, Hersant, Escaich, de l’autre, mais aussi des noms plus rares originaires des deux pays tels Arensky, Bonis, Delvincourt, Dreznin, Françaix, Hahn, Leclair, Pierné, Podgaits, Taneïev, ou Tansman. Au fil de ces dix concerts répartis en cinq week-ends dans différents sites d’Indre-et-Loire, les artistes invités représentent eux aussi les deux cultures: Nicolas Dautricourt, Fédor Roudine, Roustem Saïtkoulov, François Salque, ... Après Sviatoslav Richter, la Touraine séduit décidément les Russes: le pire qu’on puisse souhaiter à cette nouvelle initiative est de s’enraciner et de rayonner comme le légendaire pianiste parvint à le faire à la Grange de Meslay à partir de 1964.


Le département fonde sa notoriété sur ses écrivains, mais aussi bien évidemment sur son histoire: avant d’aller chez Balzac (Saché), Rabelais (Seuilly) et Ronsard (La Riche), le festival débute dans la cité royale de Loches (où il prendra également fin), avec deux programmes donnés par l’Orchestre de chambre de Toulouse. Le second concert, dans la collégiale romane Saint-Ours (XIe-XIIe), qui, au cœur de la citadelle, abrite le tombeau d’Agnès Sorel, présente toutefois en lever de rideau Alexandre Brussilovsky, accompagné du claveciniste Ronan Khalil (né en 1986), dans la Quatrième (en mi mineur) des douze Symphonies (1738) de Luigi Madonis (né vers 1690 et mort vers 1770), en fait un recueil de sonates pour violon et basse continue. Ainsi que le précise le violoniste à un public hélas trop clairsemé, le compositeur vénitien faisait partie de ces Italiens qui, à la faveur de l’occidentalisation prônée par Pierre Ier le Grand, contribuèrent à acclimater le style baroque en Russie. Nulle intention, de la part de Brussilovsky, de rechercher quelque exactitude interprétative «historique», même s’il ne fait grâce d’aucune reprise aux spectateurs, mais une qualité instrumentale bien caractéristique de l’école russe et une belle musicalité suffisent à rendre justice à ces cinq mouvements, n’offrant certes guère de surprises mais accréditant par leur excellente facture l’hypothèse selon laquelle Madonis aurait été l’élève de Vivaldi.


L’Orchestre de chambre de Toulouse fait son entrée avec un séduisant arrangement du Quatrième nocturne (1884) de Fauré signé du violoniste Gilles Colliard, qui en est le directeur musical depuis 2004. Le premier violon Pierre Bleuse prend ensuite la baguette et dirige «Près d’une source», première des Pastorales (1903/1927) du Toulousain Aymé Kunc (1877-1958), qui orchestra lui-même ces trois pièces écrites à l’origine pour violon et piano. Georges Armand, violoniste qui succéda au fondateur Louis Auriacombe à la direction de l’orchestre (1971-1992), en a réalisé une adaptation pour violon et cordes. De retour comme soliste, Alexandre Brussilovsky, qui a fait connaître et enregistré ce triptyque en Russie (voir ici), met en valeur l’impressionnisme ensoleillé de son premier volet.




Redevenu primus inter pares, Pierre Bleuse entraîne les dix musiciens avec un inlassable dynamisme dans la Sérénade (1880) de Tchaïkovski: associée à une acoustique typique de type ce d’édifice religieux, guère favorable à la perception des détails, cette générosité confère un impressionnant volume à un ensemble pourtant de petite dimension, qui n’en conserve pas moins la flexibilité et le sens des nuances inhérents à sa petite taille. Juvénile dans la Valse, lyrique mais pas sentimentale dans l’Elégie, cette interprétation toujours pleine de vie réserve un feu d’artifice final, avec un Tema russo effréné. Alors que les applaudissements se sont déjà arrêtés depuis un moment, une nouvelle salve fait revenir les musiciens, qui avaient en effet préparé un bis pour conclure cette brève après-midi: l’arrangement de la «Danse du sabre» extraite du ballet Gayaneh (1942) de Khatchatourian, autre page coruscante, dont le contrebassiste marque les syncopes en frappant de la main la caisse de son instrument.


Le site des Heures concertantes de Touraine
Le site d’Alexandre Brussilovsky
Le site de l’Orchestre de chambre de Toulouse



Simon Corley

 

 

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