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Sur les sommets

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/12/2010 -  
Frédéric Chopin : Marche funèbre, opus 72 n° 2 – Contredanse en sol bémol – Cantabile en si bémol – Souvenir de Paganini – Nocturne en ut dièse mineur – Mazurkas, opus 17 – Etudes, opus 10 n° 3, n° 6, n° 9, n° 10, n° 11 et n° 12 – Barcarolle, opus 60 – Mazurkas, opus 59 – Nocturnes, opus 62 – Polonaise-Fantaisie, opus 61

Fou Ts’ong (piano)


Fou Ts’ong


Tous les pianistes chinois n’ont pas 25 ans, ne servent pas d’homme-sandwich pour des chaussures de sport flashy et ne mènent pas une carrière de rockstar. Non seulement Fou Ts’ong a eu 76 ans le mois dernier, mais son jeu comme sa manière d’être se situent exactement à l’opposé de son jeune compatriote Lang Lang. Son prénom signifierait «bonne oreille», mais il a lui-même su attirer l’attention d’artistes exigeants, tels Leon Fleisher, Radu Lupu et Martha Argerich, qui, lorsqu’elle remporta le concours Chopin (1965), reconnut sa dette à l’égard des enregistrements du pianiste chinois. Dix ans plus tôt, il avait lui-même obtenu un troisième prix, se classant ainsi derrière Adam Harasiewicz et Vladmir Ashkenazy, mais devant Bernard Ringeissen et le regretté Naum Starkmann.


Même si celui qui fut le gendre de Menuhin s’est produit à la Maison de la Radio voici un peu plus de cinq ans (voir ici), il demeure fort rare dans la capitale, où ce n’est certes pas la première fois que d’immenses talents sont reconnus très tardivement – il suffit de penser à Claudio Arrau ou à Jorge Bolet. «Piano aux Jacobins», qui organise par ailleurs un festival et des tournées en Chine, a donc fait œuvre utile, en forme de consécration, en lui dédiant sa traditionnelle «vitrine» printanière au Théâtre des Champs-Elysées. En début de saison, Haydn et Chopin étaient annoncés, mais il a finalement décidé de consacrer au compositeur polonais la totalité de son récital. Encore Chopin? Grommeler serait se laisser emporter un peu trop vite: non seulement c’est de longue date le répertoire de prédilection de Fou Ts’ong, mais sa sélection de brèves pièces – isolées ou regroupées en recueils – sort de l’ordinaire.


La première partie s’ouvre ainsi sur une série de cinq pages de publication posthume, dont seule la dernière – le Nocturne en ut dièse mineur de 1830 – bénéficie d’une véritable notoriété: une Marche funèbre en ut mineur (1827), une Contredanse en sol bémol (1826), un Cantabile en si bémol (1834) et un Souvenir de Paganini (1829) en forme de variations sur le Carnaval de Venise. Il impose d’emblée un ton naturel, sensible, fragile mais pas souffreteux, sans fadeur ni sentimentalisme, dessinant d’un trait ferme les lignes mélodiques. Le caractère intimiste de l’expression et une amplitude dynamique délibérément restreinte, tenant sans doute aussi à un Yamaha moins brillant que les traditionnels Steinway, se conjuguent avec une façon particulièrement intense d’aller au fond des partitions. Les quatre Mazurkas de l’Opus 17 (1833) témoignent également de ce questionnement du texte, mais savent en même temps rester élégantes ou capricieuses.


Ces recherches peuvent cependant se révéler déroutantes, comme dans les six Etudes qu’il a sélectionnées parmi les douze de l’Opus 10 (1832). Dans la fameuse Troisième, davantage que la rapidité du tempo – après tout, elle est marquée 100 à la croche – ce sont ses fluctuations qui intriguent, mais au moins ne risque-t-elle jamais de dégouliner. Il en va de même dans la Sixième, ici véritablement Andante. Encadrant une Dixième radieuse et une Onzième un peu heurtée, la Neuvième et la Douzième («Révolutionnaire») fuient les effets de manche «romantiques» mais leurs traits souffrent de quelques accrocs ou hésitations.


La seconde partie est consacrée aux années 1845-1846, avec les Opus 59 à 62, le public ayant été averti au début du concert qu’il renonçait aux trois Mazurkas de l’Opus 63. S’encourageant parfois de la voix, il livre d’abord une Barcarolle (1846) sans minauderies. Avec les deux Nocturnes de l’Opus 62 (1846), l’auditeur est convié à une véritable expédition sur des sentiers escarpés. Profondeur? On hésite à employer le mot, tant ce que réalise Fou Ts’ong n’a rien de lent, de grave ou de pesant. Pas davantage de concessions à la facilité dans les trois Mazurkas de l’Opus 59 (1845), mais une versatilité offrant de chacune d’entre elles un visage différent. Il va peut-être encore plus loin dans la Polonaise-Fantaisie (1846), dès une introduction magique qui prélude à un voyage d’une richesse fascinante. En bis, la Berceuse (1843/1844) et la dernière des quatre Mazurkas de l’Opus 68 (1848) restent sur les mêmes sommets.


Le site du festival «Piano aux Jacobins»



Simon Corley

 

 

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