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Images debussystes et ravéliennes

Paris
Cité de la musique
04/02/2010 -  et 26 (Bruxelles), 27 (Charleroi), 28 (Brugge) novembre 2009, 3 avril 2010 (Enghien-les-Bains)
Claude Debussy : Prélude à l’Après-midi d’un faune – La Mer
Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye – La Valse

Brussels Philharmonic, Michel Tabachnik (direction)
Thierry De Mey (conception, réalisation, montage images en temps réel), Christophe Lebreton (conception informatique), Xavier Meeus (réalisation informatique), Katia Lerouge (assistante musicale)


M. Tabachnik


Comme les deux précédentes, la troisième et dernière visite du «Brussels Philharmonic» cette saison à la Cité de la musique est placée sous le signe de l’originalité. Elle s’inscrit en effet dans le cadre du cycle «Multimédia et temps réel» qui, du 30 mars au 15 avril, pratique un intéressant mélange des genres – Un délire de Laurie Anderson, l’opéra Massacre de Wolfgang Mitterer, de nombreuses activités pour les enfants (conférence-concert, «parcours musical interactif», concert conté) – avant de s’achever sur un must, Répons de Boulez par Susanna Mälkki et l’Ensemble intercontemporain.


Sous la baguette de Michel Tabachnik, chef principal et directeur musical depuis septembre 2008 de la formation belge, autrefois connue sous le nom d’Orchestre de la Radio flamande, le programme paraît pourtant on ne peut plus banal: quatre «tubes» symphoniques de Debussy et Ravel. Mais sous le titre «Equi Voci» («voix égales»), Thierry De Mey (né en 1956) associe des images à deux de ces quatre partitions, afin de former «un polyptique combinant plusieurs pièces musicales orchestrales accompagnées de films de danse dont le montage s’opère en temps réel». La démarche est dans l’air du temps: tout récemment encore à l’Amphithéâtre Bastille, plusieurs œuvres vocales de Kaija Saariaho avaient fait l’objet d’un «spectacle multimédia» (voir ici), venant lui-même après de nombreuses initiatives comparables et pas toujours aussi réussies, notamment une intégrale Varèse «illustrée» salle Pleyel par Gary Hill (voir ici). Mais la démarche du compositeur et réalisateur belge se veut plus ambitieuse, cherchant dans l’art, en l’espèce dans la danse, «une compensation aux déséquilibres» résultant de la mise en question de la «présence physique du corps humain» par la «rapidité du développement des nouvelles technologies de la communication».


Concrètement, un large écran est disposé au-dessus de la scène, dont le sol est recouvert de noir, tandis que les lumières sont éteintes dans la salle et que les pupitres, comme dans une fosse d’opéra, bénéficient chacun d’un discret éclairage individuel. Le film Prélude à la mer est conçu à la fois pour être projeté en parallèle au Prélude à l’Après-midi d’un faune (1894) et pour servir d’introduction à La Mer (1905). Dans un silence à peine troublé par les crissements du sable, les images de la mer d’Aral, d’un esthétisme dépouillé, défilent durant plusieurs minutes avant que la musique ne démarre: émergent de ce paysage désertique un danseur et une danseuse, évoluant au son de Debussy sur une chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker. La diffusion d’une vidéo préenregistrée ne risque-t-elle pas d’être décalée avec l’interprétation live? Nullement, car comme on n’arrête pas le progrès, un «dispositif interactif» permet d’ajuster le déroulement des images sur celui de la musique. A propos – et la musique dans tout ça? Tabachnik dirige un Prélude chaleureux et sensuel, mais point trop alangui. L’orchestre montre davantage ses limites dans La Mer, haute en couleur, énergique, plus puissante que raffinée: certainement la mer du Nord dont les embruns cinglent le visage sans retenue.


Si le Prélude connut des adaptations pour le ballet, à commencer par celle de Nijinski, Ma Mère l’Oye (1911), une fois orchestrées et augmentées les cinq pièces originelles pour piano à quatre mains, fut en revanche expressément composé à cette fin. Thierry De Mey, très acclamé à l’issue du concert, conserve le même dispositif: l’écran est divisé en trois parties, permettant de proposer d’autres angles de vue ou bien de diffuser, en même temps ou successivement, des images différentes. Mais au contraire du Prélude à la mer, le film démarre cette fois-ci en même temps que la musique: plus riche, plus mobile, plus rythmé, plus humoristique aussi, recourant parfois au noir et blanc, il met en scène, dans le cadre moins aride d’une forêt, davantage de personnages, évoquant lointainement l’univers des contes de Perrault et, encore plus lointainement, le déroulement des différents tableaux du ballet. L’objectif consiste donc bien plus à évoquer qu’à illustrer ou encore moins à narrer les histoires. Massif et épais dans Ma Mère l’Oye, l’orchestre, une fois les lumières revenues, reste dans le domaine de la danse pour conclure sur La Valse (1920), interprétée de façon assez atypique: d’emblée très allante, tour à tour sucrée et effrayante, assumant ses effets spectaculaires, c’est une kermesse grotesque, fantastique et cauchemardesque, dont Tabachnik fait reprendre en bis les toutes dernières pages.


Le site du Brussels Philharmonic
Le site de Michel Tabachnik



Simon Corley

 

 

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