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Persée et sa doublure : toujours plus loin.

Ambronay
Chapelle des usines Bonnet
09/26/1997 -  
J.B. Lully et P. Quinault : Persée, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes de 1682

Chapelle des usines Bonnet à Jujurieux (Ain).
J.B. Lully et P. Quinault : Persée, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes de 1682
Howard Crook (Persée - Méduse), Julie Hassler (Andromède), Valérie Gabail (Mérope), Anne Horbach (Cassiope - la Vertu), Stéphane Van Dyck (Mercure), Patrick Ringal-Daxhelet (Phinée - Steone), Gilles Wiernik (Céphée), Jean-François Lombard (Euriale), Myriam Piguet (Vénus), Lise Berardo (Amour), Elisabeth Goethals (Hymen), Nicolas Bauchau (Le grand prêtre).
Les Menus Plaisirs du Roy, Jean-Luc Impe/ Mireille Podeur (direction)
Alain Carré, comédien. Bruno Cohen, dramaturge. Nicole Rouillé, gestuelle et prononciation restituée. Dominique Louis, costumes. Compagnie de danse " Talon et pointe "

Ambronay.
Samedi 27 Septembre 1997
Espace Polyvalent, Ambronay.
Polichinelle-Persée, Parodie de la tragédie lyrique, avec marionnettes baroques
Trois actes en forme de dialogues et de vaudevilles- Foire Saint-Germain, 1737
Sources musicales : fragments vocaux et instrumentaux puisés conformément aux indications du livret, à travers les compositions de Lully, Campra, Rameau ainsi que parmi les nombreux airs issus de l’immense corpus de vaudevilles anonymes des XVII° et XVIII° siècles. Partitions restituées par le Centre de Musique Populaire Baroque de Liège.
Valérie Gabail (Mérope), Manuela Ammoun (Andromède), Patrick Waleffe (Dame Cigogne - Persée - Méduse - Idas), Pierre Bodson (Céphée - Mercure), Patrick Ringal-Daxhelet (Sacaramouche).
Jean-Luc Impe, théorbe. Catherine Daron, traverso. Mireille Podeur, clavecin.
Yves Hunstad, mise en scène. Michel Keyaerts et Cécile van Seymortier, manipulateurs. José Maquet, Paul Tignée, Barbara Mélois : marionnettes.

La mise en scène d’une tragédie lyrique est toujours un événement, ne serait-ce que par la trop rare apparition de ce genre dans les théâtres. Il s’agissait ici d’une pièce écrite par Lully sur un livret de son plus grand collaborateur, Philippe Quinault et représentée pour la première fois en avril 1682 au Palais-Royal. Aujourd’hui, cette opération était d’autant plus passionnante que son ‘double’ parodique était présenté par les mêmes musiciens dans le même temps.
Plusieurs intérêts renforçaient l’attrait lullyste : une " machinerie optique " et l’utilisation d’un théâtre de marionnettes pour le complément comique. Un effet de miroirs se faisait jour : à l’intérieur de la scène, entre l’opéra et son reflet comique, et à l’intérieur du théâtre de marionnettes qui donne à voir un double transformé et moqué du héros. C’est bien sur une machine de vision que s’articulaient les deux spectacles.
Le premier dispositif mécaniste, se comportait, dans sa fonction, comme un véritable automate spirituel. Le merveilleux, le ‘divin’ de la mythologie se cachait derrière ce montage catoptrique : on aboutit ainsi au chavirement de l’image, comme des sens. Idée fabuleuse : l’ " en haut " est montré par une autre optique, un reflet, une légèreté. " Le mythe est un discours mensongé qui exprime la vérité en images " prévient le récitant.
On pourra toutefois regretter le lieu choisi (en raison bien sûr du peu de salle de la région), qui ne se prêtait pas forcément au montage d’une scène, et en diminuait l’impact. On louera quand même le festival d’Ambronay qui n’a pas ménagé ses efforts pour arriver au terme de cette manifestation. On a également pu apprécier l’investissement de chaque musicien et chanteur, même si une véritable direction d’ensemble faisait défaut dans cette version de chambre (2 violons, 2 altos, 2 traversos et 3 continuistes).
Si l’acte III souffrait d’un certain statisme, ailleurs, la mise en scène accompagnait sans gêne les chanteurs, certains étant habillés magnifiquement. Il manquait malheureusement une caractérisation des évolutions du livret, et de ce fait, la progression ne s’imposait pas.

La parodie, parfaitement rodée, ne mérite par contre que louanges. La virtuosité de jeu et d’invention des acteurs-chanteurs se révélait très heureuse. La mise en scène soulignait avec intelligence les rapports avec le modèle sérieux et acclimatait la pièce, avec l’aide d’éléments contemporains, à un public d’aujourd’hui. Jean-Luc Impe est, de toute évidence, plus à l’aise dans la parodie que dans une tragédie demandant une plus grosse infrastructure.

En conclusion, on signalera que l’action du festival d’Ambronay ne se limite pas aux seuls concerts : à côté de l’annuelle " Académie baroque " (avec William Christie, Jordi Savall, Christophe Rousset, etc), il tient un rôle important de diffuseur de productions et de coproducteur de disques. On retiendra trois nouveautés particulièrement intéressantes : les suites des ‘airs à jouer’ d’Alcione de Marin Marais par Jordi Savall et son Concert des Nations (Astrée Auvidis) qui forment un très heureux complément à l’intégrale de Marc Minkowski ; des Vesperae in sancto Petro Romae de Jommelli (couplées avec un Miserere, 2 cd Astrée Auvidis préfacés par la plume érudite de Jean Lionnet) par A Sei Voci dirigé par Bernard Fabre-Garrus ; et le fameux opéra ‘perdu’ recomposé d’après des pièces de Martin Schmid et Domenico Zipoli : San Ignacio, mise en œuvre par Gabriel Garrido à la tête de l’Ensemble Elyma (enregistrement réalisé à Concepcion, en Bolivie par K 617, volume II de la collection " Musique Baroque à la Royale Audience de Charcas ").


Frédéric Gabriel

 

 

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