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Lille des naufragés

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/26/2010 -  
Francis Poulenc : Gloria
Darius Milhaud : Les Choéphores, op. 24

Nicole Garcia (récitante), Olga Pasichnyk (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Wolfgang Holzmair (baryton)
Chœur régional Nord-Pas de Calais, Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)


O. Pasichnyk, N. Gubisch, N. Garcia, J.-C. Casadesus
(© Ugo Ponte/ONL)



On se réjouissait à l’avance : le Gloria de Poulenc est peu donné au concert, Les Choéphores de Milhaud, comme d’ailleurs la plupart de ses œuvres, y sont d’une extrême rareté. Grâce à Jean-Claude Casadesus, un pan de la musique française, ignoré des salles parisiennes, allait ressusciter. On sait bien que le patrimoine, notamment pour l’opéra, se conserve en région – alors que les deux orchestres de Radio France, par exemple, se partagent plus ou moins le même répertoire.


On a malheureusement tôt fait de déchanter. Le début du Gloria frise la catastrophe : décalages multipliés, chœur dépassé, aux aigus impossibles, sentant le patronage, orchestre qui sonne mal, aux plans sonores mal définis, sans homogénéité. Les Lillois, de toute façon, ne se sont jamais situés au premier rang de nos orchestres nationaux : Strasbourg, Lyon, Toulouse, Bordeaux ont une autre tenue. Jean-Claude Casadesus, dont les gestes sont nerveusement mécaniques, a du mal à mettre un peu d’ordre dans les rangs et à éviter le naufrage, malgré un souci louable, selon les passages, de vigueur rythmique ou de ferveur recueillie. Olga Pasichnyk ne constitue pas non plus un choix idéal : il faut ici un authentique soprano lyrique et la cantatrice ukrainienne possède une voix trop légère, au médium sonnant creux avec un son qu’elle enferme dans ses joues.


Les Choéphores, où la grandeur de Claudel rejoint celle d’Eschyle, a inspiré à Milhaud l’une de ses œuvres les plus fortes, traversée d’un souffle tragique révélant des audaces modernistes qui impressionnent encore aujourd’hui – en particulier les numéros où la Choéphore et le chœur parlent le texte en mesure sur un accompagnement de percussion. Une partition complexe, nécessitant une grande maîtrise de la part de l’orchestre et du chœur, ce qui n’est guère le cas ici, même si le chef –ancien percussionniste lui-même - trouve mieux ses marques, précisément, dans ces pages-là. Il reste que cette lecture souvent approximative ou confuse ne peut tenir lieu d’interprétation, seule Nicole Garcia rendant un peu justice au texte et sauvant ce qui peut l’être. Les chanteurs n’ont aucunement la puissance requise, Olga Pasichnyk et Nora Gubisch chantent de surcroît dans une langue inidentifiable, inaudibles dans le médium, tandis que Wolfgang Holzmair, plus intelligible mais exotique, voire à contre-emploi, frise le ridicule en Oreste.


En rentrant chez soi, on se précipite sur ses disques : pour le Gloria, on a le choix, pour Les Choéphores, Markevitch et Bernstein sont là. Pauvre Poulenc, pauvre Milhaud.



Didier van Moere

 

 

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