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Les Noces de Suzanne

Paris
Conservatoire national supérieur de musique et de danse
03/02/2010 -  et 4*, 6 mars 2010
Wolfgang Amadeus Mozart : Le Nozze di Figaro, K. 492

Guillaume Andrieux (Il Conte di Almaviva), Vannina Santoni (La Contessa di Almaviva), Laurent Laberdesque (Figaro), Julie Fuchs (Susanna), Laure André (Cherubino), Luc Bertin-Hugault (Bartolo), Sandrine Buendia (Marcellina), Maïlys de Villoutreys (Barbarina), Zhe Chi (Don Basilio), Cyrille Dubois (Don Curzio), Nicolas Certenais (Antonio), Chiara Skerath, Charlotte Dellion, Anna Reinhold (choristes)
Orchestre du Conservatoire de Paris, Kenneth Weiss*/Yann Molénat (direction musicale)
Emmanuelle Cordoliani (mise en scène), Victor Duclos (chorégraphies), Emilie Roy (scénographie), Julie Scobeltzine (costumes), Bruno Bescheron (lumières), Karine Deest (coiffures, perruques), Corinne Joubert (maquillages)


(© Julie Scobeltzine)


Soignés jusqu’à un impeccable surtitrage, les spectacles présentés par les étudiants du département des disciplines vocales du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) suscitent donc à chaque fois une belle affluence. Après Don Giovanni en février 2008 (voir ici), ils poursuivent leur travail sur Mozart, cette fois-ci avec Les Noces de Figaro (1786), mais à nouveau sous la houlette d’Emmanuelle Cordoliani. Riche en surprises évoquant parfois davantage Feydeau que Beaumarchais, sa mise en scène n’est jamais figée ou en panne d’idées, et ce dès l’Ouverture, durant laquelle les personnages se succèdent sur scène devant un micro sur pied comme dans un générique pour dessiner leur caractère en quelques gestes et mimiques. Dans cette «folle journée», les hommes n’ont pas le beau rôle, à commencer par le comte, grotesque et grossier, brutal et même violent, taché de sang lorsqu’il revient de la chasse et empoignant une hache massive pour menacer d’ouvrir le cabinet de la comtesse.


Eventails, flamenco, talons claqués et mains frappées, mouvements de danse chorégraphiés par Victor Duclos, l’action est explicitement située dans une Espagne de clichés «qui n’ont pas encore la patine des siècles». Les costumes de Julie Scobeltzine sont à l’avenant – comtesse en mantille, Chérubin en toréador, Don Basilio en guitariste folklorique – tout en faisant référence tantôt au XVIIIe (Figaro, Suzanne), tantôt à notre époque, sur un mode décalé, tel Bartolo en complet vert tilleul. La scène de la salle d’art lyrique, dépouillée pour ne pas dire aride, est fermée en partie par deux cloisons placées devant une toile de fond de couleur changeante, mais le dispositif le plus ingénieux conçu par Emilie Roy consiste en deux rangées de panneaux coulissants, souples et ajourés, contribuant non seulement à délimiter l’espace en figurant de hauts moucharabiehs mais pouvant se transformer en tentures accrochées au plafond. Déplacés par les protagonistes eux-mêmes, les éléments de scénographie sont réduits à l’essentiel (le fauteuil de l’acte I, le lit de la comtesse à l’acte II, ...), mais rehaussés d’accessoires cocasses: le chapeau de Suzanne, le lièvre en peluche que le comte ramène de la chasse ou l’énorme boîte de chocolats de la comtesse en forme de cœur. Un peu rudimentaires dans les deux premiers actes, les lumières de Bruno Bescheron suggèrent avec subtilité, au dernier acte, la frondaison du jardin.


Sous la direction de Kenneth Weiss, qui assure par ailleurs le continuo au clavecin, l’Orchestre du Conservatoire n’est pas toujours d’équerre et, bien qu’en effectif restreint (22 cordes), tend à jouer trop fort. Trop carré et sans saveur, l’Américain fait en outre l’impasse sur l’humour et la grâce. Dans ces conditions, les chanteurs ont souvent du mal à passer la rampe. Ce n’est certes pas le cas de Julie Fuchs qui, en Suzanne, domine ses partenaire et confirme ainsi le succès remporté l’année passée en Elle dans L’Amour masqué de Messager et Guitry au musée d’Orsay, également mis en scène par Emannuelle Cordoliani (voir ici): aisance théâtrale, excellente technique vocale et timbre corsé, tous les atouts sont de son côté. En Marcelline passablement déjantée et en Chérubin faussement innocent, Sandrine Buendia et Laure André ne manquent pas non plus de qualités et de tempérament. La comtesse de Vannina Santoni alterne habilement fragilité et puissance, avec un vibrato tendant à devenir excessif. Un peu sur la réserve, le Figaro de Laurent Laberdesque ne semble pas très à l’aise avec la langue italienne, de même que le comte de Guillaume Andrieux. Mais ce dernier possède une indéniable présence et confirme son talent lyrique, déjà remarqué en récital (voir ici). Campant un Basilio odieux à souhait, Zhe Chi fait valoir un timbre assez atypique mais est hélas privé de son air du dernier acte, tandis que Luc Bertin-Hugault, Commandeur déjà prometteur voici deux ans, est devenu un Bartolo tout à fait convainquant. L’Antonio truculent et tonitruant de Nicolas Certenais se joint à Maïlys de Villoutreys (Barbarina) et à Cyrille Dubois (Don Curzio) pour former un petit chœur de fortune avec trois autres chanteuses.



Simon Corley

 

 

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