About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

"Regarde-moi : je suis Tosca!... (Tosca, Acte II)

Paris
Opéra-Comique
06/23/1999 -  et 27, 30* juin et 2, 6, 9, 11 juillet 1999
Giacomo Puccini : Tosca
Cynthia Makris (Floria Tosca), Paul Lyon (Mario Cavaradossi), Knut Skram (Scarpia), Emidio Guidotti (Cesare Angelotti), Scott Emerson (Spoleta), Olivier Heyte (Sciarrone), Frédéric Goncalvès (Le Sacristain), Laurent Pouliaude (Le Geôlier)
Choeurs de l’Opéra-Comique ;
Orchestre Pasdeloup, Antonello Allemandi (direction)
John Dew (mise en scène), Heinz Baltès (décors), José Vasquez (costumes)

Sur le devant de la scène se tiennent, de dos, plusieurs hommes visiblement condamnés. Un homme, qui porte une mitre blanche (!) se tient au centre de la coupole déformée, aux couleurs criardes (jaune et violet) et vue de dessous d’une église ; il bénit les hommes, simultanément les coups de feu partent : la coupole est comme un barillet géant. Les hommes tombent...Tosca commence. Non, Scarpia n’est pas promu au rang de souverain pontife mais n’est qu’un ignoble cardinal de plus...En effet, John Dew a métamorphosé le baron Scarpia en cardinal, les agents de police devenant tout naturellement des chanoines au visage chafouin. Deux autres libertés prises par rapport à l’histoire : Tosca ne dispose pas les chandeliers autour de Scarpia après lui avoir planté un poignard dans la poitrine, poignard trouvé sur la statue de la Vierge omniprésente sur un coin de la scène (son fils occupant l’autre) et surtout elle ne saute d’aucun rempart….L’Eglise l’assassine froidement, mais le Christ (la statue de l’autre coin !) s’anime et lui tend la main. Sans être convaincu de l’éclairage donné à cette Tosca, on ne peut que lui reconnaître le mérite de susciter des réactions , assez vives….et d’offrir à notre regard de beaux tableaux grâce aux décors de Heinz Balthès.

Tout vêtu de rouge, Knut Skram est un Scarpia au jeu un peu convenu. Malgré une certaine usure du timbre un peu problématique au premier acte, il retrouve son mordant au second acte, avec Tosca. Paul Lyon est un Mario naïf, assoiffé d’amour et de liberté. Le timbre n’est pas des plus agréables mais l’aigu est clair et le phrasé varié. Cynthia Makris interprète avec conviction Floria Tosca, tour à tour capricieuse, amoureuse, jalouse, désespérée… Elle fait face aux difficultés de la partition avec assurance, si l’on excepte un recours au parlando dans le grave, davantage qu’il n’est écrit. Avec un émouvant "Vissi d’arte", la soprano américaine s’affirme comme une Floria Tosca séduisante.

On sentait Antonio Allemandi continuellement présent à la tête de l’Orchestre Pasdeloup. Malgré quelques brefs instants d’égarement des cuivres, l’orchestre a su, sous la baguette du chef italien, ne pas céder à la tentation des forte abusifs et être attentif aux nuances de la partition.

***

Version française : 25, 29 juin et 4, 7, 10 juillet 1999
Manon Feubel (Floria Tosca), Luca Lombardo (Mario Cavaradossi), François Harismendy (Scarpia), Bruno Rostand (Cesare Angelotti), Vincent Ordonneau (Spoleta), Olivier Heyte (Sciarrone), Frédéric Goncalvès (Le Sacristain), Laurent Pouliaude (Le Geôlier)

Avant d’entrer au répertoire de l’Opéra (seulement en 1960 !), c’est en effet à l’Opéra-Comique que se donnait Tosca dans la version française de Paul Ferrier : La Tosca, dont la première représentation eut lieu en octobre 1903. Dans le cadre de son centenaire, l’Opéra-Comique renoue avec la tradition, et ce pour 5 représentations. L’occasion est ainsi donnée de relancer le débat : opéra dans la langue originale ou dans la langue du pays ? Les versions surtitrées, que la plupart des grandes maisons d’opéra proposent aux spectateurs, ne permettent-elles pas une compréhension suffisante de l’oeuvre ? Il faut distinguer traductions et opéras remaniés, adaptés par le compositeur pour la scène parisienne : Jérusalem est loin d’être une simple traduction de I Lombardi alla prima crociata, seule la synthèse des mots et de la musique conduit à l’émotion ! C’est peut-être justement cette dynamique des mots qui fait le plus défaut à la version française de Tosca. Tous les protagonistes ont fait preuve d’une diction admirable, dont on ne peut que les louer. Manon Feubel, par son physique et la couleur de sa voix, est une Floria Tosca plus lyrique que dramatique, plus amoureuse que passionnée ; le personnage présente moins de facettes qu’à l’accoutumée mais sait émouvoir. Luca Lombardo a recueilli les applaudissements de ‘Et les étoiles brillaient…" (plus usuellement " E lucevan le stelle", acte III) que sa vaillance et la clarté de sa diction justifiaient. François Harismendy n’a pas tout-à-fait la noirceur, la fourberie, la perversité de Scarpia qui sont, du reste, bien plus délicates à exprimer : compte-tenu de sa robe rouge, Scarpia ne peut paraître qu’ignoble puisque la charge, que lui octroie John Dew, est de prime abord contradictoire à l’ignominie de son comportement. Mais la qualité du chant est là, même si l’on perçoit une certaine fatigue dans cette tessiture tendue vers l’aigu. Tous trois, cependant, ne semblaient pas avoir trouvé un vrai sens du phrasé, des couleurs comme s’il leur avait été difficile d’établir l’identité de l’oeuvre. Le récent Mylio (Le Roi d’Ys, Lalo, Metz, novembre 1999 ) de Luca Lombardo, le Golaud (Pelléas et Mélisande, Debussy, Paris, mars 1999) de François Harismendy ou la Pénélope de Manon Feubel (Pénélope, Fauré, Rennes mars 99) leur rendaient davantage raison. Mention spéciale au percutant Sciarrone d’Olivier Heyte ; l’orchestre sonnait très bien sous la baguette attentive du chef italien.



Laurence Varga

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com