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Frustrante brièveté Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Boeuf 02/05/2010 - et 6* février 2010 Manuel de Falla : Concerto pour clavecin et cinq instruments – El retablo de maese Pedro Joan Martín-Royo (Don Quijote), Mikeldi Atxalandabaso (Maese Pedro), Olatz Saítua (El Trujamán)
Guy Penson (clavecin), Orchestre de chambre de la Monnaie, Josep Vicent (direction)
Enrique Lanz (mise en scène), Alberto Rodríguez (éclairages), Eric Deniaud (théâtre d’ombres)
La Monnaie et le Bozar présentent un spectacle conçu en 2008 par la compagnie Etcétera à l’occasion de ses vingt-cinq ans et produit par plusieurs opéras et théâtres espagnols (Barcelone, Madrid, Valladolid, Séville, Oviedo). La scénographie de ces Tréteaux de maître Pierre (1919-1923) de Manuel de Falla, introduit par le Concerto pour clavecin et cinq instruments (1923-1926) en guise d’ouverture, recourt à des marionnettes géantes représentant maître Pierre, le Truchement et Don Quichotte en plus de celles de la pièce contant l’histoire de Mélisendre sauvée des Maures par Don Gaïferos. La mise en abyme fonctionne à merveille d’autant plus que les très réalistes marionnettes, certaines de près de cinq mètres de hauteur comme l’indique le programme de salle, et manipulées par une dizaine de machinistes s’animent avec souplesse tandis que les éclairages étudiés d’Alberto Rodríguez leur confèrent un relief particulier. A la fin, Don Quichotte, qui ressemble à Fidel Castro (il y a dix ans), se lève de façon majestueuse et démolit les tréteaux. Voilà ce qui arrive quand on confond réalité et fiction.
(© Antonio Bofill)
La réussite de ce joyau repose autant sur ce visuel empreint de poésie que sur la prestation vocale et instrumentale. Les chanteurs, tous hispanophones, se distinguent positivement, en particulier le jeune baryton Joan Martín-Royo qui chante Don Quichotte avec prestance et Olatz Saítua (Le Truchement) à l’élocution véloce comme il se doit et au timbre délicieux. Le Concerto (Guy Penson au clavecin), joué à la pointe sèche, précède sans interruption les Tréteaux que Josep Vicent interprète dans le même esprit : précis comme un mécanisme d’horlogerie, l’Orchestre de chambre de la Monnaie fait ressortir les subtiles saveurs distillées par de Falla. Un spectacle enchanteur, pour petits et grands, mais d’une frustrante brièveté.
Le site de la compagnie Etcétera
Sébastien Foucart
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