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Yefim Bronfman, grand seigneur du clavier

Paris
Salle Pleyel
02/01/2010 -  et 7, 8, 12 (New York), 22 (Zaragoza), 23 (Madrid), 26 (Zürich), 27 (Frankfurt), 29 (Köln), 30 (Dortmund) janvier, 3 février (London) 2010
Magnus Lindberg : EXPO
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 2, opus 16
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2, opus 27

Yefim Bronfman (piano)
New York Philharmonic, Alan Gilbert (direction)


A. Gilbert (© Fred Toulet/Salle Pleyel)



Alan Gilbert n’est pas un inconnu pour les Parisiens, qui avaient déjà pu admirer son charisme fougueux et ses qualités d’architecte (voir ici, ici, ici et ici). Il revient en France avec l’orchestre dont il a pris la direction musicale en septembre 2009 et qui était absent de Pleyel depuis septembre 2008 (voir ici). Et c’est avec plaisir que l’on retrouve les musiciens du Philharmonique de New York, visiblement enthousiastes – après le septennat de Lorin Maazel – de travailler avec ce jeune chef plein d’entrain. Et de l’enthousiasme, il en faut certainement beaucoup pour faire face à une tournée européenne en forme de marathon, où la fatigue se fait parfois sentir. Au-delà, si l’on admire la tenue, la constance, l’homogénéité, bref le professionnalisme exemplaire de l’orchestre, on regrette une sonorité manquant d’identité et de présence, avec des cordes qu’on aimerait plus intenses et un fond d’orchestre qu’on espèrerait plus caractérisé.


Surtout, c’est le programme – reprise de celui donné au début de l’année à New York (voir ici) – qui suscite une (relative mais) indéniable déception. On peut émettre des doutes quant à la pertinence des œuvres choisies par Alan Gilbert pour cette tournée. Créée le 16 septembre 2009 par les mêmes interprètes, EXPO (2009) – du Finlandais Magnus Lindberg (né en 1958), compositeur en résidence au Philharmonique de New York – était donnée pour la première fois en France. Evoquant le compositeur finlandais Einojuhani Rautavaara, dont Lindberg suggère par moments l’atmosphère musicale, James Keller ne saurait mieux décrire, dans les notes de concert, les impressions que l’on ressent face cette oeuvre qui alterne passages rapides et moments plus méditatifs: «Lindberg s’est tourné vers des paysages sonores qui, dans de nombreux cas, semblaient plus détendus et moins insistants sur la "surcharge"; d’aucuns pourraient même être décrits comme lisses ou amples». Malgré ses contrastes, cette EXPO sonne en effet bien lisse et finalement très pauvre en idées musicales. Elle remporte néanmoins un succès d’estime grâce à une direction précise et à des musiciens investis (cordes, percussions, cuivres).


Quant à la version intégrale de la Deuxième symphonie (1908) de Rachmaninov, Alan Gilbert ne parvient pas, malgré tout son engagement, à en occulter les longueurs et les affectations – jugement très subjectif certainement, mais conforté par un Lonely Town (1944) de Bernstein donné en bis, qui fait regretter que le jeune directeur musical du Philharmonique de New York n’ait pas emmené dans ses bagages des partitions de Charles Ives, de George Gershwin, d’Aaron Copland ou de son (lointain) prédécesseur Leonard Bernstein… plutôt que Lindberg et Rachmaninov.


On serait sorti résolument déçu de ce premier des deux concerts de la phalange américaine à Pleyel si, avant l’entracte, le pianiste Yefim Bronfman n’avait pas livré une interprétation exemplaire du Deuxième concerto pour piano (1911-1924) de Prokofiev. On savait le pianiste très à son aise dans ce répertoire concertant (voir ici), mais l’on ne s’attendait pas à ce toucher magistral – d’un style plus proche de Kun-Woo Paik que d’Alexander Toradze – dans la redoutable cadence de l’Andantino, d’une précision infaillible dans le bref Scherzo, d’une richesse de jeu contrastant avec l’attitude d’un interprète qui reste droit devant son instrument durant l’Intermezzo, finalement bondissant et même possédé lors d’un monumental Allegro tempestoso où Bronfman assène de furieux coups de griffe à un piano qui ne perd jamais le fil du discours, face à un orchestre lisible et précis mais presque transparent à force d’objectivité et d’application. Le fauve assagi répondra aux acclamations du public par un bis recueilli et apaisant: la Sonate en ut mineur K. 11 de Scarlatti.


Le site de l’Orchestre philharmonique de New York
Le site d’Alan Gilbert
Le site de Yefim Bronfman



Gilles d’Heyres

 

 

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