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Les débuts de Gatti à Zurich

Zurich
Opernhaus
01/23/2010 -  et 26, 29*, 31 janvier, 5, 7, 10, 14 février 2010
Richard Strauss: Elektra, opus 58

Eva Johansson (Elektra), Agnes Baltsa (Klytämnestra), Emily Magee (Chrysothemis), Wiebke Lehmkuhl (1. Magd), Katharina Peetz (2. Magd), Irène Friedli (3. Magd), Liuba Chuchrova (4. Magd), Sen Guo (5. Magd), Margaret Chalker (Die Aufseherin), Camille Butcher (Die Vertraute), Stefanie C. Braun (Die Schleppträgerin), Martin Gantner (Orest), Rudolf Schasching (Aegisth), Davide Fersini (Der Pfleger des Orest), Peter Sonn (Ein junger Diener), Thomas Tatzl (ein alter Diener)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Ernst Raffelsberger (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Daniele Gatti (direction musicale)
Martin Kusej (mise en scène), Rolf Glittenberg (décors), Heidi Hackl (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)


(© Hans Jörg Michel)



Baptême du feu de Daniele Gatti à Zurich, cette reprise d’Elektra était attendue avec impatience. Le Milanais, nouveau chef principal de l'Opernhaus, sera en charge de 6 opéras et de 6 concerts jusqu'à la fin de la saison 2011-2012, après quoi il devra déjà céder la baguette à Fabio Luisi. Daniele Gatti a dirigé son premier Richard Strauss (Salomé) à Bologne il y a 9 ans et reprendra Elektra cet été à Salzbourg. S’il n'est peut-être pas le plus raffiné des chefs, sa lecture est intéressante à bien des égards, toute en transparence et en retenue, du moins au début de l'ouvrage, sans l’avalanche sonore qui caractérise normalement le chef-d’œuvre de Strauss, comme si, serait-on tenté de dire, il avait voulu en faire un opéra de chambre malgré l’énorme effectif orchestral, une option qui se défend quand on sait que la partition est émaillée de longs monologues. Gatti obtient des musiciens une clarté et un contrôle rares dans cet ouvrage, plutôt que des sonorités lancinantes, sans rien sacrifier cependant à l’implacable progression dramatique.


Sept ans après sa création en 2003 (lire ici), la production de Martin Kusej n’a rien perdu de son impact et de sa force suggestive. Le metteur en scène ne résume pas Elektra à un flot d’hémoglobine mais s’attache davantage à souligner l’extrême solitude de l’héroïne, souvent désemparée et statique. Au-delà d’images pouvant paraître anecdotiques (cortèges de serviteurs sadomasochistes, cohorte d’échangistes, danseurs de sambas), ce spectacle fascine par son côté intentionnellement ambivalent car jamais on ne sait si Electre est prisonnière ou non des lieux de perversion sexuelle suggérés, qu’il s’agisse d’un asile psychiatrique, d’un hôtel ou d’un bordel, l’ensemble baignant dans une atmosphère glaciale et sinistre.


Punkette gore post-pubère et provocatrice, Eva Johansson met un certain temps à s’approprier vocalement le rôle-titre, après quelques trémolos initiaux, mais le résultat d’ensemble est spectaculaire d’énergie et d’engagement. En Chrysothémis à l’exact opposé de sa sœur, vêtue de blanc, Emily Magee déploie une voix volumineuse et riche en couleurs pour traduire la fragilité du personnage. En Clytemnestre, Agnes Baltsa est impériale de présence scénique, mais son accent du sud très marqué empêche de croire totalement à son incarnation. Au rideau final, le public a longuement ovationné tous les protagonistes de cette reprise réussie.



Claudio Poloni

 

 

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