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Dommage!

Paris
Sorbonne (Amphithéâtre Richelieu)
01/29/2010 -  
Jacques Chailley : Benedicta es tu – «Kyrie» de la Missa solemnis – J’ay vu la beauté ma mie – Sept chansons légères (extraits) (*) – A ma femme (extraits) (*)
Ernest Chausson : Poème de l’amour et de la mer, opus 19 (extrait) (*)
Claude Debussy : La Damoiselle élue

Anna Destraël (*) (mezzo), Clémence Olivier (La Damoiselle), Karine Hrynkow (La récitante), Sylvie Lechevalier (*), Emre Can Karayel (piano), Ensemble vocal du Conservatoire Gustave Charpentier, Denis Rouger (direction)


J. Chailley (avec l’aimable autorisation de Mme Marie-Noëlle Chailley)



Les «Concerts de midi» de la Sorbonne se devaient de marquer le centenaire de la naissance de Jacques Chailley (1910-1999), car c’est lui qui, au moment même où il commença à y enseigner l’histoire de la musique (1953) et un an après son doctorat sur «L’Ecole musicale de Saint-Martial de Limoges jusqu’à la fin du XIe siècle» (1952), en fut le fondateur, puis en assura la programmation jusqu’en 1996. Saluer le musicologue, qui dirigea par ailleurs la Schola cantorum (1962-1981), est chose relativement aisée, car ses très nombreux ouvrages, représentatifs d’une personnalité d’une insatiable curiosité, font encore autorité. En présence de Serge Gut, qui succéda à Chailley à la Sorbonne, Jean-Pierre Bartoli, qui a pris sa suite à la tête de l’association organisant les «Concerts de midi», ne cache pas son admiration pour le compositeur, auquel l’universitaire a fait de l’ombre.


Le désir manifeste d’organiser cet hommage est cependant contredit par un programme dans lequel Chailley se trouve réduit à la portion congrue: si le souci de ne pas se limiter à un concert monographique peut se comprendre, de même que celui de mettre en valeur exclusivement ses œuvres vocales, les quelques minutes qui lui ont été consacrées en deviennent certes d’autant plus précieuses mais suscitent une certaine frustration, car elles apparaissent d’une parfaite qualité de facture, sinon d’inspiration. Maurice Emmanuel, lui aussi hélas bien oublié et qui fut son professeur d’histoire de la musique, n’est donc pas le seul à avoir concilié avec bonheur les deux activités.


Initiateur dès 1934 de la Psalette Notre-Dame, chorale attachée à faire revivre le répertoire médiéval, Chailley se place dans la descendance de Debussy et Ravel, que ce soit dans le très bref motet Benedicta es tu (pour chœur de femmes) ou la chanson «dans le style ancien» J’ay vu la beauté ma mie. L’interprétation à deux reprises durant le concert du «Kyrie» de sa Missa solemnis (1947), également pour chœur mixte a capella, permet de mieux apprécier une écriture associant des procédés anciens et modernes. Dirigé par Denis Rouger, l’ensemble vocal du Conservatoire Gustave Charpentier (18e arrondissement) donne par ailleurs La Damoiselle élue (1887) de Debussy, autre page de caractère archaïsant, servie par deux bonnes solistes et par l’accompagnement très soigné du pianiste Emre Can Karayel (né en 1978).


Au sein d’un catalogue comprenant une trentaine de mélodies, le poète belge Maurice Carême tient une place privilégiée: un attachement durable, puisque la composition des Sept chansons légères s’étale de 1949 aux années 1980. Quitte à sélectionner cinq extraits de ce recueil à l’humour très «Groupe des Six», pourquoi s’être arrêté en si bon chemin et ne pas l’avoir présenté dans son intégralité? Dommage! Et pourquoi avoir réduit de moitié les quatre mélodies d’A ma femme (1954), tout aussi brèves mais au lyrisme non moins généreux? Le regret est d’autant plus vif que la mezzo Anna Destraël (née en 1981), soutenue avec sûreté par la pianiste Sylvie Lechevalier, démontre, comme juste avant dans l’Interlude puis «La Mort de l’amour» du Poème de l’amour et de la mer (1892) de Chausson, qu’elle fait partie de ces futurs grands que les «Concerts de midi» n’ont cessé de mettre en valeur depuis près de soixante ans.



Simon Corley

 

 

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