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War Requiem ad aeternum

Paris
Salle Pleyel
01/20/2010 -  et 21* janvier 2010
Benjamin Britten : War Requiem op. 66
Indra Thomas (soprano), Paul Groves (ténor), Matthias Goerne (baryton)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Maîtrise de Paris, Orchestre de Paris, Ingo Metzmacher (direction)


I. Metzmacher (© Mathias Bothor)


Est-ce le caractère très accessible de sa modernité, l’émotion qu’il exprime et celle qu’il suscite, sa synthèse entre la théâtralité et le recueillement, son message pacifiste toujours actuel ? Le War Requiem n’a pas tardé à s’installer confortablement parmi les grandes Messes des morts du répertoire, attirant les chefs du monde entier. L’opus 66 de Britten est ainsi devenu un classique du vingtième siècle, n’en déplaise à ceux qui ont besoin de stimulants plus radicaux. Le Chœur et l’Orchestre de Paris l’ont d’ailleurs déjà donné deux fois, avec, en mars 1982, Mstislav Rostropovitch – et on y entendit madame, pour qui Britten avait écrit la partie de soprano mais que le pouvoir soviétique empêcha malignement de la créer – et Semyon Bychkov, en septembre 1992.


Dirigeant pour la première fois la phalange parisienne, Ingo Metzmacher s’y est montré remarquable. Peu connu en France malgré de beaux concerts avec l’Orchestre national, sinon des amateurs de musique du vingtième siècle – on recommandera ses enregistrements de Wozzeck et des Symphonies de Hartmann – le chef du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, lié un temps à l’Opéra de Hambourg puis à celui d’Amsterdam, a trouvé l’équilibre entre la puissance et l’intimisme, les cris et les chuchotements d’une partition relevant à la fois de l’opéra et de la musique de chambre – l’œuvre sollicite d’ailleurs un orchestre symphonique et un orchestre de chambre, parfois dirigés par deux chefs. Habitué à la fosse comme à l’estrade, Ingo Metzmacher, dramatique et narratif, allie la précision des attaques au lyrisme de l’expression, la grandeur de la fresque à la finesse du pastel. Le Requiem, loin de s’éclater dans la diversité des climats, trouve son unité sous cette direction très pensée, à laquelle aucune nuance n’échappe.


Bien préparé, le chœur est dans ses grands jours, se souvenant sans doute aussi des leçons d’Arthur Oldham – superbe dans le pianissimo extatique du « Kyrie » à la fin du « Requiem aeternam », très à l’aise ensuite dans les scansions du « Dies irae » ou dans la fugue du « Quam olim Abrahae ». Indra Thomas rappelle, à tout point de vue, la jeune Jessye Norman ; la chair moirée, la chaleur parfois un peu rauque du timbre, la puissance de la voix, font merveille dans la profération du « Rex tremendae » ou du « Sanctus », qu’elle situe entre l’opéra et le negro spiritual. Paul Groves, au timbre plus mordant que certains ténors trop délicats distribués dans le War Requiem, a l’aigu aisé, l’émission souple : il peut aussi bien chanter un « What passing-bells » héroïque dans le « Requiem aeternam » que, dans le « Dies irae » un « Move him » superbement extasié, toujours remarquable par la qualité de son articulation, seul point faible d’un Matthias Goerne moins naturellement familier de la langue anglaise. Mais la voix du baryton allemand, si l’émission ne s’éclaircit décidément pas, se projette sans problème dès le « Bugles sang » du « Dies irae » ; tout l’art du Liedersänger sert admirablement la poésie d’Owen, impressionnant dans le discours du fantôme de l’ennemi tué, dont le murmure halluciné des dernières mesures a quelque chose de poignant.


C’est le regretté et remarquable Richard Hickox qui devait diriger ces deux concerts. Ingo Metzmacher a fait honneur à sa mémoire.


Le site d’Ingo Metzmacher



Didier van Moere

 

 

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