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Débuts

Paris
Salle Pleyel
01/14/2010 -  
Nikolaï Rimski-Korsakov : Quatre images musicales de «Zolotoy Petushok» (arrangement Maximilien Steinberg et Alexandre Glazounov)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 1, opus 13

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre de Paris, Dmitri Slobodeniouk (direction)


S. Khachatryan (© Philippe Gontier/Naïve)



L’Orchestre de Paris, juste avant de retrouver son futur directeur musical, Paavo Järvi, les 20 et 21 janvier, devait donner un concert avec son père, Neeme. Mais celui-ci ayant dû renoncer pour raisons de santé à sa traditionnelle visite dans la capitale, il a été remplacé par Dmitri Slobodeniouk (né en 1975), qui a assuré sans modification le copieux programme 100% russe qu’avait prévu le chef estonien.


On reconnaît d’emblée sa patte dans le choix du dernier des quinze opéras de Rimski-Korsakov, Le Coq d’or (1907), et, plus précisément, des quatre «images musicales» (25 minutes) qu’en ont tiré en 1913 Maximilien Steinberg, son gendre, et Alexandre Glazounov – deux compositeurs qu’il serait au demeurant intéressant de pouvoir entendre plus souvent. Si l’évocation de la reine de Sharagale rappelle les senteurs capiteuses de Shéhérazade, les sortilèges instrumentaux annoncent déjà L’Oiseau de feu. L’interprétation ne manque d’ailleurs pas de suavité, mais peut-être davantage de truculence ou de mordant pour cet ouvrage férocement satirique, inspiré par l’échec de la Révolution de 1905 et victime de la censure tsariste – sa création ne put intervenir qu’à titre posthume.


Faisant, comme le chef moscovite, ses débuts à l’Orchestre de Paris, Sergey Khachatryan (né en 1985) s’est cependant déjà illustré en France, tant en concerto (notamment avec l’Orchestre national) qu’en récital, et ses disques (Sibelius/Khatchaturian, Chostakovitch) y ont reçu un accueil très favorable. Avec le Concerto (1878) de Tchaïkovski, le violoniste ne sort pas du grand répertoire, mais lui imprime fortement sa marque, ne ratant jamais une occasion de s’alanguir, usant d’un rubato maniéré et abusant de la corde sensible. Heureusement, la Canzonetta, où le dialogue avec la flûte de Vincent Lucas et la clarinette de Philippe Berrod atteint des sommets, est à peu près épargnée par ces dérives passagères, tandis que l’abattage, la puissance et la justesse du jeune Arménien ne peuvent que susciter l’admiration, en particulier dans l’Allegro final, respectant fidèlement l’indication vivacissimo, même si, à nouveau, il se fait très démonstratif dans le second thème. Ovationné par le public (dès la fin du premier mouvement) et par l’orchestre, Khachatryan, qui sera de retour à Paris dès le 1er juin prochain au Théâtre des Champs-Elysées dans le Double concerto de Brahms avec le violoncelliste Claudio Bohórquez, offre en bis un Adagio dense et contrasté de la Première sonate de Bach.


En plus de quarante ans, l’Orchestre de Paris n’avait jamais joué la Première symphonie (1895) de Rachmaninov, même du temps de Bychkov, comme si le fiasco de sa première exécution, sous la baguette d’un Glazounov réputé avoir trop forcé sur la dive bouteille, continuait à lui porter préjudice. Mais Slobodeniouk, avec des musiciens visiblement heureux de travailler avec lui, témoigne de façon très éloquente en faveur de cette œuvre. Moins profuse que la Deuxième mais plus chatoyante que la Troisième, elle mérite en effet largement sa place à leur côté, pour peu, comme le recommande Marcel Marnat dans ses notes de programme toujours aussi savoureuses, qu’on «[s’interdise] d’en faire une "septième symphonie" de Tchaïkovski». De fait, si elle se souvient du grand aîné, c’est moins par ses symphonies que par ses poèmes symphoniques, tout spécialement Francesca di Rimini, Rachmaninov ayant semble-t-il dédié sa symphonie à une femme mariée dont il était alors épris. Mais, même si l’on entrevoit parfois les ombres de Rimski et Moussorgski, même si l’on pressent quelques luxuriances à la Scriabine (Larghetto), c’est Borodine qui vient le plus souvent à l’esprit, dès l’introduction lente puis dans l’Allegro animato, avec une instrumentation riche en percussions. Et c’est surtout Rachmaninov qui s’affirme déjà pleinement, ses mélodies généreuses, ses rythmes rageurs et tranchants, ses brusques coups de théâtre, son obsession du Dies Iræ: la parenté avec ses Danses symphoniques, pourtant postérieures de près d’un demi-siècle, apparaît ainsi de manière éclatante.


Le site de Sergey Khachatryan



Simon Corley

 

 

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