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La grenouille est de retour

Paris
Palais Garnier
12/02/2009 -  et 6*, 8, 11, 14, 17, 21, 24, 25, 27, 29, 30 décembre
Jean-Philippe Rameau : Platée
Xavier Mas (Thespis), Marc Labonnette (Un satyre), Aimery Lefèvre (Momus), Mireille Delunsch (Thalie, la Folie), Judith Gauthier (l’Amour, Clarine), Paul Agnew/Jean-Paul Fouchécourt* (Platée), Alain Vernhes (Cithéron), François Lis (Jupiter), Yann Beuron (Mercure), Doris Lamprecht (Junon)
Chœur et Musiciens du Louvre-Grenoble, Marc Minkowski (direction)
Laurent Pelly (mise en scène)


(© Opéra national de Paris/E. Mahoudeau)


Cette Platée, on l’a vue et revue. La production de Laurent Pelly fête son dixième anniversaire et tient superbement la route, légitimant tout à fait sa reprise. Voir le « ballet bouffon » de Rameau après André Chénier montre - mutatis mutandis - à quel point on peut revisiter une œuvre sans la détruire, donner dans le misérabilisme et convoquer l’Allemagne de l’Est des années 1970. Le spectacle frappe toujours par son invention, sa cocasserie, sa coquinerie, sa cruauté aussi dans la peinture d’un monde où la laideur n’a pas droit de cité. Jamais le metteur en scène n’abuse des gags, qui collent à la musique et au texte. Quant à la transposition, elle fait mouche, avec d’abord ce théâtre d’opéra où Thespis figure le compositeur d’aujourd’hui, puis cette Folie déchaînée, tout habillée de partitions, qui chante haut et fort la gloire de la musique. La chorégraphie désopilante de Laura Scozzi, non moins inventive, joue son rôle et imprime à la mise en scène un irrésistible rythme. Laurent Pelly, qui a pu ensuite se montrer inégal, renouvelait ici sa réussite d’Orphée aux enfers et de La Belle Hélène, prenant rang parmi les metteurs en scène d’opéra avec lesquels il faudrait compter. Et Marc Minkowski, pas moins inégal, est chez lui quand il fréquente Rameau, comme ses Musiciens du Louvre-Grenoble – au remarquable chœur. On a rarement entendu Platée dirigé avec un tel sens du théâtre, un tel humour, une telle liberté, une telle gourmandise : ce n’est pas seulement décapé, c’est vivant, coloré, parfois ému – si la « nymphe des grands marais » fait rire, elle doit également attendrir.


La distribution, en revanche, appelle des réserves, à commencer par Jean-Paul Fouchécourt, hier impayable Platée. Toujours aussi parfait comédien, hilarant ou pitoyable, il chante aujourd’hui la batracienne excitée d’une voix écourtée et usée, recourant à des artifices pour s’accommoder plus ou moins bien d’une tessiture de haute-contre qu’il ne peut plus vraiment assumer. Xavier Mas, pour le coup, n’a rien d’une haute-contre, qu’il s’agisse de l’émission ou du style, et n’aurait jamais dû être distribué en Thespis. Yann Beuron, heureusement, sauve l’honneur des voix aiguës, Mercure rocker d’anthologie, d’une suprême élégance, au service du Jupiter de belle allure de François Lis, complice de l’excellent Cithéron d’Alain Vernhes – pas forcément attendu ici – et du Momus d’un Aimery Lefèvre prometteur, ancien membre de l’Atelier lyrique . Doris Lamprecht en fait beaucoup en Junon, Judith Gauthier est trop nasale en Amour, mais Mireille Delunsch renouvelle sa performance en Folie, se livrant à son incroyable numéro de diva hystérique… qui domine parfaitement ses notes, ses mots et ses roulades.



Didier van Moere

 

 

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