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Evocations du sud Paris Salle Pleyel 12/05/2009 - José Pablo Moncayo : Huapango
Emmanuel Chabrier : España
Esteban Benzecry : Concerto pour violon (création)
Carlos Chávez : Sarabande pour cordes
Pablo de Sarasate : Fantaisie de concert sur «Carmen», opus 25
Manuel de Falla : El Sombrero de tres picos (Suite n° 2)
Nemanja Radulovic (violon)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)
N. Radulovic (© TransArts Production)
Sous le titre «Lumières du sud», l’Orchestre Pasdeloup prend le risque de présenter à un public en quête de valeurs sûres des noms inconnus et même une création de vingt-cinq minutes: pari tenu, non seulement parce que l’affluence ne s’en ressent guère, mais parce que les spectateurs de la salle Pleyel adhèrent visiblement d’emblée au programme proposé. Difficile, il est vrai, de résister à un «tube» tel que Huapango (1941) de José Pablo Moncayo (1912-1958), dans lequel Wolfgang Doerner, plus urbain que rustique, privilégie le raffinement et la légèreté sur la verve rythmique ou la truculence. Pourquoi une pièce aussi célèbre qu’España (1883) de Chabrier est-elle si rarement jouée de nos jours? On le comprend d’autant moins à l’entendre sous la baguette du chef autrichien, conférant toute l’élégance et le chic que requiert cette musique sans laquelle il n’y aurait pas eu Ravel.
Les influences populaires sont nettement plus décantées, notamment au filtre de la mémoire, dans le Concerto pour violon (2005-2007) d’Esteban Benzecry, dont les trois parties avaient connu une création successive et séparée au cours des saisons précédentes (voir ici et ici). Interprétée pour la première fois dans son intégralité et sa continuité, l’œuvre s’inscrit désormais en apparence dans une forme traditionnelle, mais constitue en réalité une série d’évocations, successivement d’un «rêve», d’un «tango» et d’un «monde perdu». Le compositeur argentin a certes quelques décennies de retard pour les tenants de la notion de progrès en musique, mais il vaut mieux se laisser porter par un lyrisme sincère, un ton onirique, des sonorités scintillantes, parfois même presque hollywoodiennes, un primitivisme à la Villa-Lobos et l’inextinguible fougue de Nemanja Radulovic, qui en partage la dédicace avec l’orchestre et Benoît Duteurtre, le directeur de «Musique nouvelle en liberté»: les applaudissements après chacun des mouvements témoignent de ce que le succès est au rendez-vous.
La Sarabande (1943) pour cordes de Carlos Chávez (1899-1978) n’est pas la page la plus colorée du compositeur mexicain, mais avec Doerner, elle conserve son caractère dansant. Après ce bref temps de récupération, le violoniste revient pour donner l’inusable Fantaisie de concert sur «Carmen» (1883) de Sarasate: vitesse et charisme, tout le monde en redemande, et il offre donc la Danse (1957) de Miroslav Miletic (né en 1925). Pour conclure, la Seconde suite du Tricorne (1919) de Falla paraît plus viennoise qu’andalouse: la «Danse du meunier» n’est guère rugueuse mais la «Danse finale» ne manque pas d’éclat. Rayon de soleil supplémentaire avec, en bis, la danse finale («Malambo») du ballet Estancia (1941) de Ginastera.
Le site d’Esteban Benzecry
Le site de Nemanja Radulovic
Simon Corley
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