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Seconde partie Paris Hôtel national des Invalides 12/04/2009 - Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 29 «Hammerklavier», opus 106
Isaac Albéniz : Iberia (Deuxième et Troisième cahiers)
Olivier Chauzu (piano)
O. Chauzu (© Patricia Camus)
L’expérience montre qu’il n’est pas toujours opportun de partir à la faveur de l’entracte: ainsi de ce récital d’Olivier Chauzu (né en 1963), dont il serait malhonnête de prétendre que la première partie n’a pas profondément déçu. Il est vrai qu’il faut une bonne dose de courage pour se lancer tout de go dans la Vingt-neuvième sonate «Hammerklavier» (1819) de Beethoven, mais dès les premiers accords, les accrocs abondent. Surtout, le tempo fluctue sans cesse, courant la poste comme dans une fuite en avant pour mieux s’attarder ensuite: le texte est bousculé, lesté par une affectation excessive, réduit à sa dimension lisztienne, les différentes voix ne ressortent pas clairement et le Fazioli se fait tapageur, seul l’Adagio sostenuto parvenant à installer un climat.
Paris, où vécut longuement Albéniz, n’oublie pas de célébrer le centenaire de sa mort: quelques jours plus tôt, le Festival «Ibériades» lui a consacré à Radio France une journée entière, qui s’achevait sur les douze pièces d’Iberia (1905-1908). Olivier Chauzu, qui en a enregistré l’intégrale chez Calliope, a choisi pour l’occasion les deux cahiers centraux. Etait-ce le trac, la fatigue ou le manque de préparation dans Beethoven? Ou bien le pianiste, docteur en littérature ibérique de l’université de Madrid, se sent-il plus chez lui en Espagne et dans une salle désormais plongée dans le noir? Toujours est-il que les aspects aussi bien techniques qu’interprétatifs paraissent autrement mieux maîtrisés: l’éventail des nuances dynamiques s’élargit, le jeu gagne en couleur, le propos est plus fermement conduit, trouvant un juste milieu entre sécheresse et épanchements, entre ce qui n’est plus tout à fait Granados et ce qui n’est pas encore Falla. Un piano qui laisse moins de place à l’élasticité du tempo et aux intuitions à l’emporte-pièce, mais qui demeure flamboyant, avec ses teintes criardes («Triana»), ses griffures («El Albaicín»), son sens dramatique («El Polo»), son chant qui s’épanche avec souplesse («Lavapiés»).
Les deux bis conduisent d’un anniversaire à l’autre: 2010 marquera à la fois les cent cinquante ans de la naissance d’Albéniz mais aussi le bicentenaire de Chopin et Schumann. Comme pour le plaisir d’un défi exclusivement virtuose, la Première des douze Etudes de l’Opus 10 (1830) sonne comme du Bach arrangé par Busoni, puis «Zart und singend», quatorzième pièce des Danses des compagnons de David (1837) conclut la soirée avec suavité.
Le site d’Olivier Chauzu
Simon Corley
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