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Nono, l’espace d’apparitions

Paris
Ircam
05/25/1999 -  
Luigi Nono : ...sofferte onde serene..., A Pierre. Dell’azzuro silenzio, inquietum, Fragmente-Stille, An Diotima
Solistes de l’Intercontemporain

Ce concert intégralement dédié à Nono fut l’occasion d’apprécier la diversité des manières esthétiques et techniques du compositeur italien. Les oeuvres sont relativement proches tant dans le temps (respectivement créées en 1977, 1985 et 1980) que dans l’effectif : un soliste, un duo, un quatuor.

La première pièce confronte le piano soliste à la bande, double du piano, dans un jeu d’échos et de distorsion du temps. Les sons de piano enregistrés sont tantôt clairement identifiables, tantôt, étirés et transformés, déformés au point de se contenter d’évoquer leur origine. Le soliste joue avec un instrumentiste virtuel qui évolue dans une temporalité à vitesse variable. Son jeu est pris, dans la confrontation à cet écho, dans une perspective temporelle. Dans la seconde pièce les solistes - flûte basse et clarinette contrebasse - jouent avec un dispositif électronique. Les deux instrumentistes sont séparés par l’électronique qui, en déplaçant les sonorités, rassemble les instruments dans une dimension sonore autre. Les instruments à vent imposent à l’écriture la primauté du souffle. Le dispositif électronique se fait l’écho d’une respiration qui paraît originelle. L’oeuvre joue avec la référence au bruit des vagues sur la plage.

Fragment-Stille, An Diotima renoue avec une formation classique : le quatuor à cordes, pour qui la traversée du siècle aura été, avec l’exploration des modes de jeu des cordes, synonyme de découvertes sonore inouïes. L’oeuvre intègre cinquante-deux fragments de poésie de Hölderlin qui, d’après le compositeur, " ne doivent en aucun cas être compris comme directive naturaliste ou comme programme " (Ecrits). La référence littéraire s’efface : la musique n’évoque pas les mots du poète, elle suit sa logique propre, dialectique du silence et des apparitions. Le quatuor de Nono est très silencieux, très brumeux. Rares y sont les moments de pleine présence. L’écriture, aphoristique, construit des agrégats qui se combinent en épisodes à la sonorité très différenciée. L’histoire qu’elle nous conte n’est que musicale.

Les trois pièces sont écrites en relation à un référent. Chacune développe un mode différent de cette relation. ...sofferte onde serene... joue la relation à un double qui se rapproche et s’éloigne dans le temps, Dell’Azzuro silenzio, inquietum, double la référence - les sons électroniques se font l’écho du souffle des instrumentistes tout en évoquant un paysage marin. Fragmente-Stille, An Diotima s’affranchit de la référence, qui n’est plus qu’un canevas voué à disparaître sous les sons. La référence, dans chacune de ces pièces, sert une écriture de l’affranchissement, de la distance, qui gagne sa liberté à mesure qu’elle oublie ce qui lui a donné naissance, à mesure que s’éloigne sa raison d’être.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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